La Parabole du combiné-gaine
Datte: 13/10/2019,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
... dossier qui devait être bouclé avant demain. Il ajouta, compte-tenu de la difficulté du travail, qu'il attendrait jusqu'à minuit pour le récupérer. Christine se passa de déjeuner et se plongea dans ce qui, pour toute autre, aurait été une corvée inaccessible. Avec l'application et la conscience professionnelle dont elle était capable elle termina son travail dans un temps record. Dès 21 heures elle frappa à la porte directoriale, le dossier terminé en mains, non sans avoir refait son rouge à lèvres et s'être rafraîchie de quelques gouttes de parfum. Ceci n'étant pas une forme de coquetterie superflue mais une marque de respect pour son patron. Paul Robert ne fut qu'à demi-étonné de voir apparaître aussi vite son employée modèle. Il eut ce petit sourire de satisfaction qui, pour qui le connaissait, était un compliment suprême. - Voyons voir ce que vous avez fait, dit-il , en indiquant du regard la chaise où Christine sut qu'elle pouvait s'assoir en attendant qu'il ait terminé la lecture de ses travaux. Les mains sur ses cuisses jointes, le buste droit, elle prit cette posture sévère de femme appliquée. Elle suivait les réactions du visage de son patron où elle lisait, avec une petite pointe d'angoisse, le degré de satisfaction du PDG. Elle vit, avec soulagement, son visage se détendre progressivement. Ses sourcils ne se fronçaient plus. De légers grognements ponctuait les conclusions du rapports. Soudain le patron se redressa sur son fauteuil et posa ses lunettes pour lever ...
... enfin les yeux sur sa collaboratrice. Il était ce que l'on appelle un homme bien conservé. Proche des 70 ans, il était d'une stature imposante et massive. Son crâne, totalement dégarni sur un visage rond et buriné, accentuait la force qui se dégageait de ses petits yeux bleus avec lesquels il pouvait foudroyer toute contradiction. On ignorait tout de sa vie privée, sinon qu'il était veuf et qu'il avait un petit-fils qui faisait ses armes aux Etats-Unis avant de venir prendre sa succession, échéance sans cesse reculée pour des raisons obscures. Un long silence inhabituel s'instaura dans le bureau directorial. Christine se sentit mal à l'aise, tellement elle était habituée à des réactions rapides suivies d'ordre précis à chacune de ses interventions. Le regard bleu et puissant du patron se fixa sur elle comme s'il cherchait une réponse à une interrogation. - Madame O'Brien, d'habitude je vous félicite sur votre travail. En fait, ses soit-disantes félicitations étaient réduites à des "bien! bien!" laconiques. - Mais aujourd'hui, je suis admiratif ! Christine en rougit, tellement ces propos paraissaient incroyables dans la bouche de son patron. Et il ajouta en laissant la secrétaire pantoise : - Quand je pense que je paie des ingénieurs stupides quatre fois plus que vous et qu'ils sont incapables d'effectuer un travail d'une telle qualité et, qui plus est, dans un temps record ! Elle ne savait que répondre, se contentant de sourire timidement. Sa stupéfaction atteint le paroxysme ...