1. Initiation au plaisir (1)


    Datte: 20/10/2019, Catégories: Lesbienne

    Certains privilégiaient l’isolement loin de la fureur d’une civilisation en ébullition, à l’abri des perturbations. Ces ermites concevaient leur travail comme le fruit d’une lente méditation, chaque contact représentait un obstacle à la créativité. D’autres tiraient leur énergie d’une vie débridée au point de s’identifier à des jet-setteurs soucieux d’occuper la une des journaux à scandale. Leur capacité conceptrice émanait de débordements festifs à outrance qui donnaient des sueurs froides à leurs éditeurs. La partie recherche de mon travail se faisait en immersion dans la mesure du possible ; je ressentais le besoin d’une approche physique afin de faire coller l’histoire à la réalité. Plonger au cœur d’une situation me permettait d’en comprendre la nature particulière, de m’imprégner de l’atmosphère, de mieux la raconter. J’avais fait fort cette fois en revenant au Cap d’Agde dans l’appartement acheté par les parents vingt ans plus tôt. De mes certitudes de petite fille jusqu’à mes tourments existentiels d’adolescente, une grande partie d’un passé ordinaire gisait sous le sable chaud de la plage du Galion, allègrement piétiné par l’impatience des générations montantes encore dans le flou des problèmes de l’âge adulte. À leur tour d’en profiter, le temps de l’insouciance se voulait souvent trop court. – Tu ne viens pas ? grinça une voix lourde de reproches. Le regard de Damien sur moi en disait long, comme le membre dressé dans sa main en preuve d’excitation. Sa manie du ...
    ... moment était de se masturber tandis que je profitais de la salle de bain. – Tu pourrais être discret, va te soulager dans les toilettes. – À quoi ça sert d’avoir une copine si c’est pour me branler ? Je me demande ce que je fais avec toi. La cohabitation, il ne s’agissait de rien d’autre désormais, s’avérait contreproductive dans l’optique du travail de recherche indispensable pour avancer sur un nouveau projet. L’idée d’un roman dont l’action se situait dans les milieux libertins venait de mon agent toujours à l’affut d’un « bon coup » synonyme de reconnaissance dans le monde fermé de l’édition. La colère prit le pas sur le dégout. – Alors là ! Je ne te retiens pas, tu peux foutre le camp. Le claquement de la porte d’entrée me rassura. D’accord, ma libido se résumait en de rares étreintes accordées sans enthousiasme, mais l’insistance de Damien pour réduire notre relation à de vulgaires échanges sexuels consumait le peu de désir que j’aurais pu éventuellement ressentir. il avait encore imaginé une soirée originale dans une gargote où les femmes servaient de dessert à des obsédés en mal d’aventures extraconjugales. Le Cabanon fraîchement repeint de vert et de rouge en bordure de plage connaissait ses premières heures de gloire de la saison. La grande hutte carrée ouverte aux quatre vents ressemblait à une buvette de foire protégée par un toit de chaume, la terrasse en faisant le jour un emplacement prisé par les familles, la priorité revenait aux fêtards le soir. Une dizaine de ...
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