Première nuit à Ouaga
Datte: 29/10/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
couleurs,
Collègues / Travail
voyage,
Oral
pénétratio,
Lorsque l’avion atterrit à Ouagadougou, je me sentis renaître de nouveau. Un grand orage avait manqué enterrer l’oiseau d’acier et ses occupants, moi compris, au fond du Sahara. C’était, paraît-il, sérieux, car je vis une hôtesse prier et une autre, blême, s’était figée sur un siège comme une statue de cire. En quittant l’aéroport, un nuage carabiné semblait vouloir laver la ville, ou plus exactement la raser. Il faisait chaud et moite. J’avais rendez-vous avec monsieur Pierre Duval le lendemain matin, à 8 heures pile, au siège d’une petite banque locale, filiale d’un grand groupe international. Arrivé à l’hôtel vers dix-sept heures, je pris une douche bien chaude et m’abandonnai à un profond sommeil, sans rien manger. Le vol tourmenté m’avait coupé l’appétit. La sonnerie de mon portable me réveilla vers vingt heures. C’était Kamel, mon associé, qui m’appelait de Tunis. Il posa quelques questions sur le voyage et l’hôtel puis aborda la mission pour laquelle je me déplaçais pour la première fois en Afrique subsaharienne. — Monsieur Duval est quelqu’un de très pointilleux, il faut être à l’heure, me dit-il d’un ton un peu soucieux.— Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer. Nous enchaînions sur quelques détails inutiles, et je ne manquais pas de patience pour rassurer mon associé. C’était la première mission que nous gagnions en dehors de la Tunisie et elle revêtait une importance cruciale pour le petit cabinet de conseils en comptabilité et finances que nous venions de créer ...
... il y a tout juste deux ans. Il y a aussi autre chose à savoir. La mission nous avait été confiée par un grand groupe américain de Conseil en management et en audit, et dans ce domaine les Ricains ne rigolent guère. Bref, si je réussissais la mission, notre cabinet serait reconnu à l’international et nous aurions de juteuses affaires dans la foulée. Et c’est pour cela que je me sentais engourdi par le poids de la responsabilité que je portais. — Fais pas la fête ce soir, me dit Kamel avant de raccrocher, et rappelle-moi après le rendez-vous. De toute façon, je ne comptais pas faire la fête, surtout ce soir, de surcroît dans une ville où je ne connaissais personne. Je sortis de mon lit, mis un jean et un t-shirt et descendis pour dîner. En passant devant l’accueil de l’hôtel, une hôtesse, aux petits soins, me fit signe de me rapprocher. — Monsieur Souli, me dit-elle d’un sourire aussi large que le ciel, un certain monsieur Ibrahima, de la banque Satim, vous attend dans le salon. Il a demandé de ne pas vous déranger. Ses lèvres étaient rouges, pimpantes et ses dents brillaient comme un collier de perles. Et s’était plus fort que moi de jeter un coup d’œil dans l’échancrure de son chemisier blanc, car ce qu’il cachait appelait tout simplement au sacrifice. Pas plus gênée qu’il ne le fallait, elle baissa le buste pour chercher mon passeport que j’avais remis à l’accueil en entrant pour les formalités d’usage. Je sus alors qu’elle ne portait pas de soutien-gorge, et que le sacrifice ...