1. Bacchanales (1)


    Datte: 15/11/2019, Catégories: Lesbienne

    ... difficulté, le regard lumineux à la lueur des flammes, le front perlé de sueur, les petits seins soulevés par un souffle laborieux. – Les dieux eux-mêmes ne possèdent un tel pouvoir, s’extasia-t-elle. Rentrée à la domus Augustana avant l’aube par souci de discrétion, Aurélia se plut dans l’euphorie entre conscience et insouciance au point de refuser le sommeil. – La soirée t’a plu ? demanda Lyvie attentive. – Voir Aella et Pétrée enlacées était surprenant de beauté, j’avoue avoir ressenti une furieuse envie de partager leur étreinte. Mais toi, mon amie, un amant se morfond sans doute de te savoir dans ma chambre, non dans la sienne. Dis-moi de toi ce que j’ignore en dépit de notre attachement. La servante en appui sur un coude devina dans le sourire trompeur toute l’étendue de la peine, la profondeur de la solitude de la princesse. – Je te présente mes cinq amants, rit-elle en écartant les doigts de sa main droite sous le regard d’Aurélia. – Et voici les miens, soupira cette dernière en plaçant sa paume sur celle de Lyvie. Je me suis d’abord préservée par idéalisme, dans l’attente d’un sentiment sincère, puissant, par raison d’État ensuite, afin de n’offrir aucune prise aux ennemis de l’empereur, aussi par esprit rebelle, il me faut l’avouer. Pourtant, ces arguments s’avèrent contestables aujourd’hui, mon corps est une arme dans la quête ou dans le maintien du pouvoir, dont le maniement m’est inconnu. Vers qui me tourner ? Je n’ai confiance qu’en toi. – Alors demande-moi, ...
    ... déglutit Lyvie incapable de taire son impertinence, comme tu le demanderais à une amie. Aurélia s’attacha à la douceur des doigts contre les siens le temps de se remémorer leur histoire commune de trois années. L’empereur avait visité un usurier du nom de Spurius Pontius afin de le mettre en garde contre certains arrangements douteux avec l’impératrice Messaline. Claude avait l’habitude de délivrer en personne certains messages d’ordre privé, et son obstinée nièce adoptive parvenait à imposer sa présence quand le danger ne menaçait pas vraiment. Aurélia remarqua au cours de l’entrevue une esclave soumise à laquelle le personnage peu recommandable semblait tenir. La jeune fille aux longs cheveux châtain traînait son malheur à l’abri des regards en amante forcée, privée de sortir, d’aller simplement au marché. La princesse émue par le gracieux visage imprégné de tristesse, révoltée contre l’odieuse pratique, la prit sous sa protection, sans même solliciter l’accord de Claude. Spurius Pontius s’estima heureux de conserver sa tête sur les épaules. – Je ne t’imposerai jamais cette corvée, tu le sais, même si partager cet instant avec toi serait un hommage béni des dieux. – Tu ne penses pas que j’en serais heureuse au contraire ? Mon affection sincère y trouverait une juste reconnaissance. Bien sûr, si elle n’est pas partagée... Un rire surfait s’éleva, libéré pour la première fois de la soirée des fragrances de vin. Aurélia se blottit contre la jeune femme en gage de tendresse. – ...