1. Aux Puces


    Datte: 22/11/2019, Catégories: fh, extracon, inconnu, bizarre, hdomine, Voyeur / Exhib / Nudisme vidéox, fsodo, fouetfesse,

    La sensation très douce porte un nom : engourdissement. Au volant du C5, Carine éprouve le flux tiède du froid qui s’allie à la fatigue. Devant le véhicule, les autres camionnettes sont à l’arrêt ; les broc’s amateurs devisent à sentences brèves, se disent simplement bonjour. Seuls deux bavards se croient sur les ramblas et discutent, rigolent comme en plein jour et en plein soleil. Carine épie la buée qui s’échappe des bouches des hommes, haleines chaudes libérées à chaque parole, irisées par les antiques phares jaunes. C’est le moment qu’elle préfère, les chineurs à moitié voleurs qui farfouillent déjà, la torpeur glacée, le rêve franc de la racine tribale - heureuse d’être française, vraiment. La suite est plus destroy. Et crevante. Suivre le placier, louvoyer pour obtenir un meilleur emplacement. Après, tout déballer sur la toile bleue à la lueur d’une torche. Un bref moment de calme et les matinaux déboulent, figures hâves et mal rasées, parfois étrangement reposées. Guère de nightclubbers à cette heure-là. Quoique pour certains, ça sente l’after urbane-écolo dans la froidure de mars. Quelques quarts d’heure plus tard, Carine s’arrange avec un voisin et va s’envoyer un café bouillant, le deuxième moment de grâce du dimanche matin. Puis faut revenir vite, c’est le début des allées et venues dans le crépuscule du matin. Carine vend bien. Ses copines lui passent tout un fourbi de trucs essentiellement féminins, recyclables pour les autres nanas, elle prend cinquante pour ...
    ... cent - et elle se trouve bien cool là-dessus, entre nous soit dit : c’est quand même elle qui se tape tout le boulot -. Parfois, l’une d’elles lui dit « J’en veux tant. » et c’est souvent pas plus mal, elle fait alors la bascule par deux ou trois. Carine vend bien. En face de son allée, et décalé sur la droite, un truc bizarre. Un gros fourgon, presque un camping-car, tendance j’ai-eu-roulé, rien à fourguer d’apparent, d’ailleurs la bestiasse bouffe tout l’emplacement. Un jeune homme carrément seventies, mais d’allure impeccable - étymologiquement : "sans péché" - est assis au volant, il ne fume pas, il ne boit pas le café, il n’a pas dû apporter de thermos lui non plus, paisible, mais il n’a pas deux trous rouges au côté droit, faut pas déconner. Sur la façade aveugle du véhicule, en lettres calibrées « Mesdames, entrez et gagnez ce que vous voudrez. » Tellement strange qu’elle irait bien lui demander de quoi il retourne, mais son stand ne désemplit pas, il lui faudra attendre l’arrivée de son chéri, Hervé, pour comprendre le truc. Du coin de l’œil, elle mate le car, bizarre, absolument rien de spécial. Une grosse heure s’écoule, de vente hystérique, d’espionnage désinvolte et aléatoire ; elle s’est aperçu que quelques jeunes filles, suite à une tractation enjouée avec le gars, entrent dans le van et en ressortent plus ou moins longtemps après. C’est vrai que certaines ont en main un billet pas forcément un gros, mais bon c’est rigolo ! Son observation se fait plus aiguë ...
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