Boîte Vocale
Datte: 12/12/2019,
Catégories:
fh,
jeunes,
Collègues / Travail
amour,
nonéro,
mélo,
policier,
québec,
coupfoudr,
... stationne, savoure une dernière bouffée de cigarette et sors de ma voiture. En quittant le stationnement, le bip sonore du verrouillage des portières se fait entendre. J’entre dans le centre d’achat et regarde l’horloge. — Huit heures trente. Le temps d’un thé. Les magasins ouvrent à neuf heures et je passe au petit café juste devant la boutique où je travaille. — Un thé chaï, s’il vous plaît. M’installant devant les portes, je me couche sur la table et observe les gens, tranquilles, aller et venir en silence, dans les couloirs presque vides du centre. Inévitablement, chaque minute, une personne de plus passe devant mes yeux que la minute précédente. Ils sont tranquilles, ces gens-là. Bien peu doivent se douter ce qu’est le monde à l’extérieur. Tous de braves banlieusards qui s’amusent le samedi, en famille, à venir flirter devant les vitrines et à s’acheter de nouveaux vêtements. Je vois la gérante arriver. Je termine mon thé d’un trait, presque pour me brûler la gorge. Elle me salue. Et ma journée ordinaire commence, ma journée que j’espère immaculée et salvatrice. Deux heures plus tard, alors que, encore une fois, je suis installé dans les étalages de l’entrepôt, sans escabeau, j’entends la porte s’ouvrir. De derrière mes boîtes, je sors une tête interloquée. — Bonjour !— Salut. Je te connais pas, toi ?— Non. Je suis nouvelle. J’ai commencé cette semaine.— Okay. Ton nom c’est ?— Carolina.— Moi, c’est Rémi. Elle semble surprise de me voir, passe d’un pied sur l’autre. — ...
... C’est à quel sujet ? Elle sourit, un peu faiblement, mais déjà c’est sans doute l’une des plus merveilleuses choses que j’aie vu de ma vie. — Ben je cherche quelque chose, qu’elle me dit en tendant un papier.— Ben ça parle au diable. Je suis là pour le trouver. Leste, je me laisse descendre pour atterrir près d’elle. Doux parfum. Joli sourire qui se mordille les lèvres. — Voilà ! Comme une voix d’enfant, une voix tellement enjouée, dans un corps désirable de jeune femme. — Je t’amène ça. Elle sort de l’entrepôt. — Quelle adorable vision. La porte s’ouvre à nouveau, alors que je suis penché sur le papier. Je lève les yeux. Ma vieille gérante polonaise me parle. Un brin déçu, je ne l’entends pas et me perds loin derrière elle, par la porte entrouverte. Je me perds le long du corps de Carolina. Une fois la journée finie, je retourne dans mon petit chez moi. Je repense à Carolina. Et mon téléphone sonne. — Oui ?— Salut. Marcel nous attend lundi au parc Lafontaine.— Hmm hmm.— Salut là. Ma semaine recommence déjà. Et je vois déjà les taches rouges, les pleurs. J’entends les craquements et les larmes. — Hey salut !— Salut. Comment ça va ?— Bien, bien. Et toi ?— Ça va. Carolina passe ainsi devant moi, alors que je replace des boîtes sans intérêt. Je retourne parfois sur le plancher de vente emmerder les vendeuses. Particulièrement ma douce Chilienne. — Oui… Non, non, c’est correct. Je vais prendre l’autobus, pas de problème, maman.Si… Si… Carolina raccroche. La journée est terminée. — ...