1. Écoeurement détaché


    Datte: 26/12/2019, Catégories: fh, fhh, Collègues / Travail jalousie, Oral pénétratio,

    ... doigts, tout ce que nous avions partagé ne comptait plus. Pour retarder les face-à-face muets, écourter les soirées hostiles, j’ai pris l’habitude de travailler de plus en plus tard, ne rentrant qu’après avoir écumé les bars sur ma route… Me glisser dans la chambre à minuit passé, me déshabiller dans la pénombre, laisser la douche noyer ma colère, ensevelir ma frustration sous ses trombes humides, tituber un moment sous le jet, tête baissée, poings serrés, attendant l’apaisement qui ne viendra pas, qui ne viendra plus. Puis se sécher avant de se glisser entre les draps – linceuls de nos amours mortes – à quelques centimètres seulement de son corps inaccessible et endormi. C’est dingue ce que deux êtres humains, par ailleurs raisonnables et équilibrés, peuvent s’infliger en silence. Deux personnes qu’une alchimie toute particulière avait unies, et voilà qu’après des années d’insouciance, leur bonheur déraille, la tendresse se mue en indifférence, l’indifférence en aversion… Je ne me rappelle plus la dernière fois où nous avons fait l’amour. Je me souviens simplement de la meurtrissure que m’avait causée son regard. Un dégoût implacable, lorsque j’avais fait mine de m’approcher. Quand on vous rejette à ce point, sans raison, sans rien vouloir vous dire, il n’y a pas 36 possibilités. Myriam avait quelqu’un d’autre, forcément. Je ne suis pas d’une nature jalouse ni suspicieuse, mais il est des évidences qu’on ne saurait ignorer… Fuyant mes demandes d’explication, méprisant mes ...
    ... sanglots lamentables, Myriam ne m’a pas laissé d’autre choix que de me confronter moi-même à la réalité de sa trahison. Elle ne voulait pas vider son sac ? Il ne restait plus qu’à fouiller sciemment dans sa vie, dévoiler son abjection de la plus intime des façons. J’ai commencé par l’ordi. Son compte était barré d’un password inconnu, un obstacle bien maigre pour m’arrêter. Disque dur copié, puis déplombé sur mon lieu de travail. Rien de probant dans ses fichiers, aucune trace d’une relation trouble. Sauf que… Les logs étaient vides, les historiques de navigation siphonnés. Preuve par l’absurde d’un comportement coupable ? Son téléphone, emprunté discrètement, ne m’a pas livré plus de secrets. Ça commençait doucement à virer à l’obsession… Elle voyait quelqu’un, il me fallait savoir qui, sous peine d’en crever ! J’ai bien pensé à la faire suivre, mais une retenue étrange s’imposait à moi. Je refusais que notre malheur ait des témoins. N’ayant aucune aptitude pour la filature, j’ai écumé les boutiques jusqu’à tomber sur une caméra assez discrète pour se fondre dans le décor. L’engin planqué dans la bibliothèque, son objectif automatique braqué sur le lit, j’ai attendu, fébrile, les images qui pourraient cautériser ma peine… Durant trois jours, il n’y eu que Myriam à l’écran, espionnée dans son va-et-vient quotidien. Passant et repassant dans le champ de la caméra, tantôt habillée, tantôt nue, allongée sur le lit un livre à la main, étirant le bras pour éteindre, visage calme et ...
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