On a aussi le droit de baiser quand on est gros et moche (4)
Datte: 14/01/2020,
Catégories:
Hétéro
Chez Jacques j’y suis resté deux ans après mon embauche. Déjà parce que j’aimais bien ça, Adrien m’adorait et réciproquement et puis Jacques n’était pas contre un peu d’aide. C’est qu’un gamin ça coute cher au début, surtout tout seul. Je lui payais un loyer qui l’aidait à payer la ou plutôt les baby-sitters qui se sont succédées (que ce soit pour s’occuper du petit ou pour tenir compagnie à Tonton, dans son lit, les longues soirées d’hiver). Moi, question fille, j’étais un peu hésitant. Partout on parlait de cette nouvelle maladie : le SIDA qui s’attrapait par voie sexuelle ça me foutait un peu les ch’tons. Même si Jacques m’avait dit que je pouvais piocher dans le stock de capotes qu’il s’était constitué, je n’étais pas rassuré. Coté taf, ça se passait comme ça. On me confiait certaines sommes et c’était à moi de spéculer avec pour faire fructifier ce capital. En gros, j’achetais au moins cher des actions, des matières premières et que sais-je encore que je revendais plus cher. Dit comme ça, ça a l’air facile mais c’est plus compliqué qu’on ne le croit. A mon poste de travail, je disposais d’un terminal bancaire. C’était un écran et un clavier relié au système de la banque. L’affichage c’était un écran noir avec des caractères oranges, pas d’image à l’écran ni de curseur de souris. Ça peut faire sourire maintenant mais à l’époque c’était le top du top car avec ce réseau interbancaire de communication, on était en lien avec Wall Street depuis Paris. Au départ, on ne me ...
... donnait que des « petites » sommes. Puis, au fur et à mesure, j’avais des portefeuilles plus importants. Vous me demanderez peut-être à quoi ça sert ? Moi je vous répondrais « d’après vous, d’où viennent les intérêts de vos comptes épargne ? » Dans ce boulot, j’étais assez bon. Je ne dis pas que j’étais infaillible, loin de là. Par exemple, ma plus grosse erreur a été d’investir dans de l’Eurotunnel à son démarrage pensant que ça allait être rentable. Bien mal m’en a pris mais laissons ça de côté. Nous étions plusieurs équipes et j’avais intégré celle de mon ancien maître de stage qui m’avait pris sous son aile. Sous ses conseils, j’ai évolué et je suis monté en compétence. Juste pour la petite histoire, Ce qu’il s’est passé avec le fameux Guillaume Kerviel nous a tous bien fait rigoler quand la banque pour laquelle il travaillait disait ne rien savoir. Ils étaient obligés de savoir. Même quand j’ai débuté il y avait des systèmes d’alerte et de surveillance dans tous les sens. A moins que son superviseur se soit endormi devant ses écrans qui devaient clignoter en rouge comme un sapin de noël, ils ne pouvaient ignorer ce qu’il faisait. Il a juste été l’agneau sacrificiel, le parfait bouc émissaire sur lequel on a tout mis sur le dos. A ce compte-là autant l’accuser de tous les mots : L’ouragan Katherina c’est lui, le tsunami en Thaïlande c’est lui aussi, Les avions du World Trade Center aussi …. Longtemps j’ai hésité à prendre mon envol. J’avais de quoi me prendre un appartement ...