1. Le baume de l'âme (3)


    Datte: 24/01/2020, Catégories: Divers,

    ... tranchait avec les murs de pierres dont les joints étaient apparents. Une belle demeure, dans un style bien des Hautes-Vosges. Yann s’approcha du potager, parfaitement bêché. Quelques arbres fruitiers aux feuillages verts gardaient encore des vestiges des fleurs, qui annonçaient de beaux fruits pour l’automne. Une silhouette bleue, toute au fond du verger tournait son regard vers les intrus. Cette forme grandissait rapidement. Un homme à la stature imposante, à l’image de sa maison, revenait d’un pas assuré, vers le couple. — Bonjour messieurs-dames ! Je peux quelque chose pour vous ? — Bonjour ! Est-ce que Yann Sarran vous dit quelque chose ? — Sarran ? Je veux oui ! Mais il est… alors c’est pourquoi ? — Vous avez fréquenté l’école du Phény ? — Oh ! c’est si loin tout cela. Comme le temps passe. Et qui êtes-vous ? Des parents de Yann ? — Je suis son épouse oui. Et je vous présente le fils de… Clémence Tisserant. À l’énoncé de ce prénom, les sourcils de l’homme avaient froncé. Il se souvenait sans aucun doute de cette femme. — Yann… Clémence, mon dieu, les souvenirs reviennent comme des vagues. Et que puis-je pour vous ? Je crois que votre mari n’est plus avec nous ! — Oui depuis l’automne. Et Clémence non plus. Morts les deux l’année dernière. — J’en suis bien désolé pour tous les deux. C’est vrai que c’était mes amis ! Mais comment m’avez-vous trouvé ? — C’est Gisèle de la Mauselaine qui nous a donné votre nom et ma foi, les gens du village semblent tous vous connaître. ...
    ... Votre ami Jean-Michel nous a indiqué votre maison. — Alors, venez-vous rafraîchir à l’intérieur. Ne regardez pas trop, vous êtes chez un vieux garçon. Je n’ai jamais été marié. Dans la cuisine, tout était pourtant en ordre. Rien ne traînait et une immense cuisinière émaillée avec ses cercles d’acier ronds n’attendait plus que les marmites. Le gamin qui n’avait plus dit un mot depuis son bonjour avait les quinquets qui surfaient sur tout ce qui les entourait. Il restait sur ses gardes, suivant l’homme au pantalon de velours brun-or qui posait des verres sur une table costaude. Lui ne se privait pas non plus pour reluquer sans vergogne, mais d’une manière correcte les formes de la femme de son ami. Elle devait être dans leur âge et elle était d’une beauté stupéfiante. Le gamin qui accompagnait cette pouliche avait un petit air de Clémence. Ah ! Clémence, une fille qu’il avait aimée. Au point de n’avoir plus jamais eu envie d’en connaître d’autres depuis sa fuite. Et là, apprendre comme ça, que l’amour de toute une vie était en terre… il avait pris une véritable gifle. — Donc vous êtes le gamin de Clémence, et bien, c’est vrai qu’il y a des traits d’elle en vous. — … ! — Que vous a donc raconté notre bonne Gisèle ? Pour qu’elle vous envoie ici, ça devait être rudement important. — Je me prénomme… Yann. — Oui ? Un prénom courant chez nous, enfin pour nous les anciens. Le mari de madame, moi, et plein d’autres également, un phénomène de mode que nos parents ont suivi à un moment dans ...
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