1. Soir de novembre


    Datte: 18/02/2020, Catégories: Première fois

    ... garage. » La confidence me surprend un peu. Mais au fond, ce n'est pas la première femme à avoir été délaissée par son mari. Elle ne me fait pas là une confidence exceptionnelle. « Non mais quel temps atroce. Commences-tu à te sentir un peu moins transi, Daniel? » « Oui, merci. » « N'empêche que la meilleure chose à s'offrir pour se remettre d'un temps pareil, c'est une bonne douche chaude. » Pour la première fois, Nicole me regarde dans les yeux. Illusion? Il me semble que je vois une petite lueur dans son regard. « C'est certain, » dis-je, un peu déstabilisé par cette remarque inattendue. Nous restons silencieux un moment. Le pompiste nous interrompt en cognant délicatement sur la glace. Nicole fouille dans son sac qui était posé entre nous deux, repère son portefeuille, sort sa carte de crédit et descend la glace. « Vingt-deux dollars, s'il-vous-plaît, » dit-il. Nicole lui tend sa carte, dont il s'empare pour aller compléter la transaction. Après un moment, il revient à la voiture et tend le petit plateau de plastique permettant de signer le relevé de carte. Nicole griffonne sa signature, reprend sa carte, remet le plateau au pompiste. Des remerciements sont échangés. Elle remonte la glace et met le moteur en marche. Nous nous remettons en route. « Tu sais, » dit-elle en riant, « un homme un peu audacieux aurait offert de venir me frotter le dos sous la douche. Manquerais-tu d'audace? » « Pas vraiment. Je n'y avais pas pensé, c'est tout. » « Tu manques d'audace... ou tu ...
    ... es puceau, » affirme-t-elle avec nonchalance, sans me regarder. J'ai soudain assez chaud. « Enfin... bon... c'est pas.... » « Es-tu puceau Daniel? » me demande-t-elle. Un instant, elle détache son regard de la route et me regarde droit dans les yeux. « Oui. » Ma voix n'est qu'un soupir. Nicole arrête au feu rouge. Elle me regarde fixement dans les yeux et demande « Veux-tu que je te ramène chez toi ou chez moi? » Je ne parviens plus à comprendre pleinement la situation. Que se passe-t-il? Vais-je vraiment enfin faire l'amour? Veut-elle me tendre un piège, me rendre vulnérable pour rire de moi? Est-ce une bigote qui va me vanter les mérites de l'abstinence? « On peut bien aller chez toi, » parviens-je à répondre d'une voix un peu étranglée. Elle conduit silencieusement. Je la regarde. Je ne vois ni tristesse, ni amusement sur son visage. Mais elle a l'air tellement désinvolte, détendue. Contrairement à moi! Nous arrivons devant un petit pavillon bien coquet. Elle s'avance dans l'entrée de garage et y gare la voiture. Elle coupe le contact, me regarde pour la première fois depuis que j'ai accepté son offre, et me dit simplement « Nous y voici. » Nous nous hâtons vers la porte d'entrée, toujours mitraillés par la pluie glaciale. Nicole ouvre rapidement la porte et entre dans le vestibule. Je l'y suis de près. Elle referme la porte puis la verrouille. Suis-je pris au piège ou enfin libre de vivre ce moment que j'attendais depuis si longtemps? Nicole me retire mon ciré et le pend à ...
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