1. Eros et Thanatos


    Datte: 19/02/2020, Catégories: hagé, couleurs, médical, enceinte, volupté, cérébral, revede, nonéro,

    ... vitesse grand V et je reviens pour le concert !— Fais quand même gaffe, la pompe à morphine a tendance à déconner ces derniers temps. Elle dose au lance-pierre… oooOOOooo Quand j’étais jeune, je n’arrivais pas à imaginer que ça se termine vraiment un jour. On sait tous qu’on n’est pas immortel, mais ça reste au niveau des mots. Et puis, soudain, comme une immense baffe, en se regardant dans la glace ou en découvrant des rides sur sa main, on se dit qu’on a déjà fait un sacré bout de chemin, et que ça ne va pas continuer éternellement. C’est la première alerte, le vrai coup de vieux. Là, on commence à mettre de l’ordre. Ou à vivre à cent à l’heure. Pour moi, ça ne s’est pas donné comme ça. Je n’ai jamais su m’y prendre pour faire des excès. Ça m’est revenu d’un coup quand ils m’ont expliqué le diagnostic. Et qu’il m’ont précisé les échéances. Quelques semaines, au plus. Je crois même que je me suis marré qu’un truc aussi irrévocable fasse resurgir une idée aussi légère dans ma petite cervelle. Je me souviens très précisément m’être dit : « tant qu’à partir, autant que ce soit en suçant un téton, un gros téton, bien dur si possible ». Bizarre comme le cerveau fonctionne. On m’annonce que la route est finie, et ça me donne des idées cochonnes. Enfin, moi, je ne trouve pas ça cochon, mais c’est l’infirmière qui l’a dit l’autre jour, en se fâchant. Pour moi, ça a plutôt des allures de cigarette du condamné… Comme ma femme n’est plus là, je ne veux pas être exigeant sur la manière. ...
    ... Je me dis que ce serait déjà bien de pouvoir simplement revoir une paire de loches. Juste une fois. Mais vraiment juste pour moi. Bien déballés, et si possible avec les bouts tendus. Pas à cause de moi, bien sûr. À cause de l’air frais, ou peut-être de l’envie de baiser que la femme aurait en elle depuis le matin. Envie de son homme, bien vivant pour longtemps encore, qui la lèche quand il veut la prendre. Comme je savais bien faire, paraît-il. Elle pourrait fermer les yeux, si elle veut faire abstraction de moi. Je m’en fiche. Je demande juste à pouvoir regarder. Admirer une paire de seins qui a envie. Glisser cette dernière image de la vie derrière mes paupières, avant de les fermer. De toute façon je ne pourrais plus toucher, et je ne dirai rien à personne… Alors qu’est-ce que ça peut gêner. Est-ce vraiment trop demander, pour avoir un peu moins peur ? Je ne veux pas qu’on me tienne la main quand je partirai. Elles seront froides. Si j’étais encore bien portant, je détesterais toucher une main froide comme ça. J’aurais peur que le mourant ne me la lâche plus, et qu’il m’embarque avec lui. D’ailleurs, si j’ai la force, et que je suis encore conscient au moment de partir, je les glisserai sous le duvet, pour éviter qu’on se sente obligé de me toucher. oooOOOooo — Alors raconte…— Je te passe le début, chez Jeannette. Merci quand même d’avoir trouvé cette idée de génie pour nous faire nous rencontrer. T’es une perle de copine…— C’était pas pour toi, mais pour le frérot. Je le ...
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