Croisements
Datte: 22/09/2017,
Catégories:
f,
h,
fh,
sport,
amour,
photofilm,
Oral
préservati,
pénétratio,
amourpass,
... longtemps, les pupilles presque fixes. Le jeune homme avait le cœur lourd. Les conseils étaient devenus plus rares, le regard plus tendre. Ils se levèrent en même temps. Raphaël était bien plus grand, il avait aussi acquis une carrure large, son regard questionnait moins, quémandait moins un avis. Il était affranchi. Pour la première fois, ils se serrèrent la main. Et ils sentirent les mêmes cals, la même force. Il partit et ne revint plus jamais. Tous deux étaient fiers l’un de l’autre. Quand Perluette mourut, Raphaël n’alla pas aux obsèques. Il s’assit par terre, adossé à sa première sculpture, tout contre les mains de son maître pour lui rendre un hommage correspondant à sa nature : muet. Voilà à quoi il pensait. Il aurait voulu qu’il soit encore là, il aurait voulu savoir quoi faire, se sentait perdu comme tant de fois auparavant. Le père Luette lui manquait. Il lui aurait dit quoi ? Indiqué quels outils ? Déposé sur son bureau quel fragment de roche ? Syénite, grès, marbre, stéatite ? Il se leva en direction de sa première ronde-bosse, la caressa en fermant les yeux. oooOOOooo C’est au contraire les yeux grands ouverts que Thomas travaillait. Il avait fait un retirage des négatifs de la séance précédente, pour faire un étalonnage des contrastes. Ces photos l’obsédaient, parasitaient sa concentration. Il avait annulé toutes les autres séances prévues. Marion avait eu la délicatesse de retenir sa colère lorsqu’il lui avait téléphoné, ce qui n’avait pas été le cas de ...
... Raphaël. Cela le perturbait d’avoir fait naître de tels sentiments. Il leva les yeux pour voir l’agrandissement géant qu’il avait fait de ce cliché, punaisé au mur de son labo. Cette émotion pure, parfaite, pourquoi n’arrivaient-ils pas l’un et l’autre à l’accepter ? oooOOOooo Marion travaillait sa capacité d’oubli en ce dimanche frileux. Le simple souvenir de ce cliché la tétanisait. Dévoilée dans cette émotion si intime, entre ses mains, la preuve de ce qu’elle avait ressenti, et qui était si absurde pour elle. C’était trop rapide, trop facile, trop brutal. Ça ne pouvait pas être ça. Après la séance photo, elle ne s’attendait pas à avoir de ses nouvelles avant plusieurs jours, mais lorsque Thomas lui avait téléphoné pour savoir quand elle passerait prendre ses épreuves, qu’il demanda des nouvelles de Raphaël, elle sut que tout ne s’était pas déroulé selon son idée. Elle questionna, doucement d’abord, puis l’inquiétude l’emporta. Si Thomas hésitait autant à lui dire ce qui s’était passé, c’est qu’il y avait eu un vrai problème. Il avoua finalement, mortifié, que le gantier était parti en n’emportant que la photo déchirée, visiblement perturbé. Une boule se forma dans la gorge de Marion, et une sueur froide coula le long de sa colonne vertébrale. Elle avait réussi à cacher ses larmes à son amant quand ils étaient enlacés, mais Thomas les lui avaient dévoilées. Elle se sentait trahie. Serrant sa main sur le combiné pour ne pas s’en prendre au photographe – c’était elle, après tout, ...