1. Bourgeoise délaissée et amours ancillaires (2)


    Datte: 17/03/2020, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    Ferdinand avait décidé de rejoindre à pieds les dix kilomètres qui séparaient la gare du manoir des de Combourg. C’était la dernière fois qu’il effectuait ce parcours car il avait enfin osé parler à sa patronne pour lui signifier sa volonté de quitter son emploi de majordome. En fait le terme « oser », dans ce cas, était extrêmement minimaliste car il aurait préféré pouvoir oser vraiment et déclarer à Vénus de Combourg la flamme qui le consumait. Dés qu’il était entré à son service il avait été saisi par une fascination aussi irréfléchie que violente pour cette femme inaccessible. Sa timidité maladive, le respect des convenances sociales, la peur du scandale, la crainte d’un refus humiliant, le ridicule de son comportement fétichiste à l’égard de la belle bourgeoise… Tout convergeait pour alimenter une frustration inévitable. Il avait eu huit ans pour aboutir à cette résolution : il lui fallait partir pour oublier et pour vivre autrement qu’à travers ce rêve impossible. En grimpant les escaliers qui menaient à sa petite chambre, l’angoisse de retrouver cet endroit qui abritait tous les artifices utilisés pour soulager sa passion interdite l’envahissait. Il n’aurait pas dû revenir au manoir quitte à perdre le bénéfice de ses droits. Il poussa cette porte pour voulait être la dernière fois. Elle était là dans sa statue de cire ! Il se refusa à la regarder. Il alla se rafraîchir dans le coin salle de bains pour ôter cette pellicule obsessionnelle qu’il avait choisie de fuir. ...
    ... Ses yeux se portèrent sur la bouteille de Chanel numéro cinq qu’il avait acquis pour une fortune afin de s’imbiber du parfum de sa patronne. Il eut un instant de faiblesse pour saisir le flacon mais il réagit en le laissant choir sur le lavabo où il se brisa. L’objectif de cette maladresse volontaire qui était d’écarter le souvenir de cette femme fatale échoua lamentablement. Le parfum se répandit dans la chambre comme si Vénus de Combourg était entrée. Décidément rien n’allait. Il fallait qu’il quitte au plus vite le manoir. Il se retourna et ne put éviter de contempler le mannequin qu’il avait coiffé, maquillé et vêtu avec une minutie de maniaque. Sans doute inhibé par les effluves du parfum qui perfidement inondaient la pièce, il ne ressentit que l’impression que quelque chose avait changé. Il s’immobilisa quelques secondes et découvrit la cause de son embarras. Une vague de sueur froide l’envahit quand il découvrit que les yeux du mannequin qu’il s’était toujours refuser à essayer de reproduire étaient devenus vrais ! Il crut être devenu fou. Il avait des visions. C’était pourtant bien le beau regard noisette de Vénus qui le fixait. Lorsque les cils du mannequin bougèrent, il comprit enfin et devint plus pétrifié que le mannequin. Vous ne préférez pas l’original Ferdinand ? Le mannequin parlait ! La bouche rouge et ourlée se détendait aussi et un léger sourire bienveillant s’imprima sur le masque qui se révélait bien vivant. Le coeur du majordome battait à rompre. Sa ...
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