I've Waited For You So Long
Datte: 09/04/2020,
Catégories:
hh,
hbi,
jeunes,
amour,
Oral
hsodo,
mélo,
coupfoudr,
Gay
... Mon caractère s’est endurci, enfermant avec lui la sensibilité que je peignais dans mes tableaux. J’ai vite arrêté les Beaux-Arts, trop compliqués, trop abstraits dans une période où j’avais fatalement besoin de solidité. J’avais trouvé un petit boulot dans une librairie, rien de bien reluisant mais au moins j’avais de quoi vivre. J’essayais de rester accroché à la réalité, mais j’avais l’impression d’avoir tout perdu en l’ayant perdu lui. Un jour, sur mon lieu de travail, je suis tombé sur un livre de photographies. Daniel Jones, le célèbre photographe, venait enfin de publier ses œuvres. Je savais que je n’aurais pas dû, mais j’ai regardé attentivement chacune de ses photographies, ne reconnaissant pas la marque de l’homme que j’aimais. Ses photos, bien que magnifiques, ne représentaient que des personnes tristes, la larme au bord de l’œil, le visage défiguré par la peine. Il avait l’habitude de prendre des photos de couples, des photos d’amoureux s’embrassant sous les lumières du Moulin Rouge. Le cœur battant la chamade, je suis arrivé à la dernière page et c’est avec effroi que je me suis reconnu. Il avait pris cette photo de moi bien avant mon départ, sans que je m’en rende compte. J’avais le rouge aux joues, l’air essoufflé et je souriais comme un bienheureux. Des centaines de souvenirs rejaillirent de ma mémoire : ce jour-là, on avait un peu trop bu lui et moi, sans raisons apparentes. Sous l’effet de l’alcool on s’était mis à danser ; lui imitant les gens que l’on ...
... voyait dans les clubs et moi, tentant vainement de lui montrer des pas de danses traditionnelles. On avait ri comme des cons, juste comme ça. J’avais tenté de l’oublier quelques heures dans les bras d’autres hommes mais rien n’y faisait, un goût d’inachevé pesait toujours sur moi. J’ai gardé l’album avec moi, de peur que quelqu’un ne m’arrache le seul souvenir que j’avais de lui. Je n’ai pas vraiment le temps de me remettre. Deux semaines plus tard, alors que je rentre du travail, j’aperçois une silhouette à ma porte. C’est lui. Je m’en veux d’avoir oublié à quel point il était beau, à quel point ses yeux brillaient dans la nuit. Les quelques minutes qui suivirent nous mettent tous deux mal à l’aise et vraiment, la situation toute entière est grotesque. Je l’invite à entrer, à savoir, à prendre un verre. Lui, continue de me fixer, sans que je sache au juste pourquoi. Mon corps tout entier est engourdi, j’évite de le regarder au maximum de peur qu’il voie la triste réalité. Je l’aime encore. — Comment va Lise ? Bravo, Douglas, belle entrée en matière. — À vrai dire, cela fait longtemps que l’on ne s’est pas vu, elle et moi. Sa voix grave et la nouvelle qu’elle apporte me sort aussitôt de ma torpeur. — Ne t’inquiète pas, ajoute-t-il très vite, elle va bien. Enfin, je crois. On a divorcé. Je le regarde abasourdi et, contre ma volonté, j’ai une pensée pour Lise et j’espère qu’elle va bien, sincèrement. — J’ai vu ton album de photo, j’annonce tout à coup. Il semble étonné et rougit ...