1. Dédale (3)


    Datte: 27/09/2017, Catégories: Hétéro

    ... longs cheveux dorés, des yeux d’émeraude, des lèvres pulpeuses : c’est elle ! Celle que j’aime en secret. Que fait-elle là ? Pris par surprise, je me suis arrêté. Elle se tient debout, regarde dans ma direction et me sourit. D’un signe de main, elle m’indique d’approcher. Mon cœur fait un bond de joie et je marche vers elle. Ne la lâchant pas du regard, je ne m’aperçois pas tout de suite que le décor change. Nous voilà situés maintenant dans une chambre. Un grand lit se tient derrière elle. Une table de nuit sur laquelle sont posées des bougies allumées qui, avec le papier peint rouge, donnent une allure sensuelle à la pièce. — Je… je suis heureux de te voir, bredouillé-je. Mais elle ne semble pas m’entendre. Quelque chose – ou plutôt quelqu’un – passe à travers moi comme si je n’étais qu’un fantôme ; un homme grand, athlétique et torse nu. Il la prend dans ses bras et l’embrasse à pleine bouche. En quelques mouvements, il la déshabille puis la pousse sur le lit. — Oh oui, prends-moi comme une chienne ! réclame-t-elle. Non, non, non ! Comment peut-elle dire ça à ce type ? C’est affreux, je ne veux pas la voir comme cela. L’homme, maintenant nu, plonge sur elle, l’embrasse, lui palpe la poitrine et finalement la pénètre. Elle lâche un gémissement de bonheur. — Tu aimes ça, petite salope… — Oui, j’adore ça, qu’un vrai mâle s’occupe de moi, déclare-t-elle avec un grand sourire, ses yeux regardant dans ma direction. Défonce-moi ! L’homme obéit avec plaisir et la baise ...
    ... fougueusement. Son visage toujours tourné vers moi, la voilà qui ricane de plus en plus fort. Non, je ne peux pas supporter cette scène insoutenable ! Voir un type profiter de la femme que j’aime ainsi en la traitant comme une pute, et elle qui en redemande, c’est trop pour moi. Je m’enfuis par la porte de la chambre avec la vague envie de vomir. Me voilà maintenant dans un cimetière. Le brouillard est encore présent. J’entends une voix pas très loin. Je longe plusieurs tombes pour voir de quoi il s’agit. Un prêtre se tient debout à côté d’un cercueil ouvert. Il parle, mais je ne parviens pas à distinguer ce qu’il dit ; sa voix semble lointaine. Lui aussi semble ne pas me voir. Je m’approche en craignant le pire. Je sursaute à la vue du corps allongé dans cette boîte : c’est mon cadavre. La voix du prêtre devient audible : — Si nous sommes réunis aujourd’hui tous ensemble, c’est pour honorer la mémoire de cet homme qui a préféré accorder à ses proches la grâce de disparaître pour de bon. Il avait beaucoup de défauts, mais aussi quelques qualités qu’il gardait bien cachées au fond de lui. Nous ne pouvons donc pas vraiment citer lesquelles… Euh… voilà… Je crois que c’est à peu près tout ce qu’on peut dire à son propos. Quoi ? C’est tout ? Il se moque de moi ou quoi ? C’est comme ça qu’il honore ma mémoire ? — Si quelqu’un veut prendre la parole pour lui rendre un dernier hommage, c’est le moment, indique le prêtre. Oui, il y a bien plus à dire de moi. Je ne suis pas comme il m’a décrit. ...