Toujours mais pas tout le temps
Datte: 29/09/2017,
Catégories:
fh,
journal,
ecriv_f,
Je lui ai supplié de me faire l’amour. « Faut que je te demande en mariage pour que tu comprennes ce que je veux ? » Air gêné, balbutiements embarrassés, un truc comme ça, j’avais beaucoup trop bu pour me souvenir de la tête qu’il a fait à ce moment-là, de toutes façons. Tant pis. « Je te respecte trop pour ça, Elodie » Aaah, le plan "je te respecte trop pour ça». Grand classique. J’en avais entendu parler, qui n’en a pas entendu parler ? C’est très gentleman. Très correct. Très je-ne-suis-pas-comme-ça. J’aurais du demander pourquoi, ce que ça voulait dire, vas-y explique-moi. Mais j’avais mon rôle à jouer. Le rôle de la fille qui a décidé de faire quelque chose parce qu’elle n’en peut plus d’attendre que le bel indifférent donne un signe déchiffrable. Le rôle de la fille entre excédée et désespérée. Le rôle de la fille qui refuse de penser à ce qu’elle est en train de faire. Occupait trop de ram. Pas de mémoire disponible, veuillez fermer quelques programmes. Sauf que le jeu en route, si tu changes de fenêtre pour fermer les trucs dont tu ne te sers pas, tu rates ton combat, tu perds contre le big boss et pas moyen de sauvegarder à cet endroit. J’ai du dire « s’il te plaît… aller heu ! » une ou deux fois en riant, « Mon Dieu je le crois pas que je suis en train de dire ça ! ». Je me suis moquée de moi sans complaisance : à ce stade là de la partie, accepter de faire du damage control. « Je suis amoureuse de toi Eric, fais-le pour moi, pour que je puisse essayer de penser à ...
... autre chose. » Sourire entre moqueur et suppliant (difficile à réussir, mais j’ai un Master en ça). Une bonne chose à savoir, le sourire franc et complice désamorce n’importe quelle situation. Ne jamais faire de drame avec un mec. Règle d’or s’il en fut. — Je ne peux pas…- je devrais pas te dire ça, mais-… je peux pas te dire que ça arrivera jamais…— D’accord donne-moi une dead line ! Pardon ?!! Une dead line ? Mais enfin Elodie, tu vas pas attendre son bon vouloir comme ça ? Tu ne PEUX PAS ! Et pendant qu’il se débattait dans ce filet, en ne le lâchant pas des yeux ni du sourire, j’ai rendu les armes. — D’accord, c’est idiot. Sourire penaud. La solitude qui me rattrape, le désespoir noir, la peur du vide. Il s’est allongé sur le lit où on discutait. — J’ai le droit d’être faible et de te demander de me prendre dans tes bras ? Petite fille misérable de trente-cinq ans, blottie contre lui, le nœud dans la gorge, les doigts crispés. Chagrin. Je me protégeais depuis des mois pour au final, me jeter dans la gueule du loup. Tous les programmes fermés, le disque dur qui tourne à plein régime. Un an de questions existentielles qui me sautent à la gueule. Toutes mes réponses acquises de haute lutte mises à la poubelle en une seconde. Les filles sont lâches et vaines. Pour la tendresse d’un beau garçon, elles oublient tous leurs idéaux. Programmes incompatibles, le système d’exploitation ferme systématiquement la base de données Femme Libérée. Ferait bugger le jeu en cours. Dix ans à ...