1. Les filles d'Artémis (3)


    Datte: 13/05/2020, Catégories: Lesbienne

    ... « Et le royaume des Amazones restera une utopie. » médita-t-elle dans un soupir. – Comment te nommes-tu ? – Néphélie, répondit la villageoise le souffle court de ses efforts. – Accorde-moi dix jours, Néphélie, je te démontrerai ton erreur. Tu feras tomber ce rocher avec tes incertitudes dans sa chute. Les dieux n’exigent jamais l’impossible des mortels, vous le comprendrez alors. La troupe installa ses quartiers dans le village, les femmes et les filles réparties dans les habitations par affinité. Rien ne leur fut imposé sinon de suivre un entraînement sous l’égide des princesses les jours suivants afin de raffermir les corps et de tenir les esprits en éveil par la maîtrise des gestes guerriers. La halte imprévue, au lieu de retarder les Amazones, leur fit gagner un temps précieux. Les habitantes prirent goût aux exercices avec une énergie grandissante engendrée par la nécessité d’oublier les horreurs subies, aussi par la volonté de vivre commune à des femmes encore jeunes. Le sang dans leurs veines bouillonnait d’un ressentiment justifié, Lysippé se chargea de transformer l’amertume en fierté personnelle, puis en orgueil collectif. Le village des veuves devint un lieu grouillant de vie. Un respect mutuel naquit entre toutes, libérées des considérations d’âge ou d’origine. Chacune trouva bientôt sa place au sein de la communauté, mue par le besoin d’appartenir à une famille unie. Les liens tissés augmentèrent la cohésion, lui conférant la puissance du mortier qui scellait ...
    ... les pierres taillées des plus grands édifices connus. Quelques-unes se surprirent parfois elles-mêmes à rire de ce qui les faisait pleurer, à se rendre utile en raccommodant la tunique déchirée d’une inconnue, à soutenir les plus faibles en partageant leurs tâches, à faire l’offrande d’un bon repas ou à réconforter une âme en peine. Il en fut pourtant autre entre Hélène et Amapola. Ces deux ressentaient le besoin de s’isoler sitôt le soleil trop bas pour l’entraînement. Un sentiment était né entre les jeunes femmes depuis la passe du Pangée, leurs cœurs battaient désormais à l’unisson d’une tendre pensée. Nulle n’osa se révolter face à l’acceptation silencieuse de la reine. L’épouse en Thrace préparant son long périple au-delà du monde connu des Grecs, l’époux sillonnait sur son char de guerre la grande plaine de Thessalie. Le roi Zenios refusait de prendre partie, toutefois acceptait-t-il de laisser passer sur ses terres l’armée de Kastanas prompte à défier la toute puissance de Mycènes, la cité de son encombrant voisin Agamemnon. Rassuré par les oracles, le régent menait ses troupes avec habileté. Il désirait préserver la fraîcheur des huit mille hommes à sa suite afin de les maintenir aptes au combat. – Place ! hurla une voix sèche. L’arrivée inattendue sur la piste de Kastanas contraignit les guerriers au repos à s’écarter de mauvaise grâce. Le cavalier corrigea l’allure de sa monture blanche d’écume à cause de la chevauchée effrénée à hauteur d’un feu de camp. – Pamphile ! ...
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