L'invisible secrétaire médical
Datte: 09/08/2020,
Catégories:
fh,
extracon,
Collègues / Travail
médical,
grossexe,
fsoumise,
vengeance,
portrait,
humour,
Enfant, c’était un p’tit bonhomme rondouillard et tranquille. Personne ne se souvenait l’avoir entendu pleurer, crier, ni se plaindre. D’ailleurs, personne ne se souvenait de lui, tout simplement. Le rêve secret de tout parent : un enfant silencieux, quasi invisible, indécelable dans sa bulle de transparence. Son absence aux repas était détectée le plus souvent au moment où, desservant la table, sa mère apercevait une assiette n’ayant pas servi. Si on le cherchait dans le quartier, inutile de demander aux voisins : personne ne l’avait vu. On le retrouvait par hasard, beaucoup plus tard, dans le jardin qu’il n’avait pas quitté et que l’on avait déjà exploré en vain. C’était à un point tel que sa maman l’oubliait souvent dans tous les coins possibles et imaginables : supermarchés, plage, école, ou tout simplement dans sa chambre. Il se racontait même qu’un jour, à l’occasion d’un retour de vacances, ses parents l’avaient tout bonnement laissé sur une aire d’autoroute proche de Dijon et ne s’étaient aperçus de son absence qu’à Paris. Ils ne récupérèrent leur progéniture qu’à Strasbourg, là où un couple, après trois heures de route, avait fini par s’apercevoir de sa présence sur le siège arrière de leur véhicule. Bref, un cas d’école. Son adolescence se déroula dans cette sorte d’anonymat. À l’école, au collège, au cours de ses activités comme à la maison, c’était toujours la même chose : il se fondait si bien dans le paysage que personne ne le remarquait. Son adolescence fut ...
... un enfer ; le regard des filles semblait le transpercer afin de mieux admirer celui qui se trouvait derrière lui. Il ne fut jamais sélectionné, choisi, nominé ou reconnu, bien sûr, pour aucune de ses qualités. Il traversa toutes ces années dans un incognito si parfait qu’il en frisait l’invisibilité. À la fin de ses études, il décrocha un job de secrétaire médical dans un hôpital où ses premières années se passèrent sans anicroche. À condition bien sûr de ne pas considérer comme anicroches les nuits passées, enfermé dans certains locaux, qu’une femme de ménage trop pressée et ne l’ayant pas remarqué avait fermés à clé. Avec le temps, il était devenu philosophe et effectuait correctement son travail, se montrant toujours sympathique avec son entourage, pour peu, bien sûr, que l’on s’aperçoive de sa présence. Cette vie, bien réglée, morne et solitaire, aurait pu perdurer jusqu’à la nuit des temps, ou du moins, en ce qui le concerne, jusqu’à l’aube de sa retraite ; mais le destin, un soir, en avait décidé autrement. Comme à son habitude, il sillonnait l’hôpital, poussant son petit chariot surchargé de dossiers, les répartissant méticuleusement d’un bureau à l’autre. Il vint, au détour d’un couloir, à télescoper Séverine, une infirmière de nuit qui arrivait en sens inverse afin de prendre son service. Les dossiers, expulsés par le choc, suivirent un plan de vol improbable à connotation anarchique, pour enfin se rassembler en un tas informe à deux mètres de leur pas de tir. Rouge, ...