1. Le prix à payer (2)


    Datte: 17/08/2020, Catégories: Hétéro

    ... avait bonne mémoire, et que même si elle n’appartenait pas au service commercial, elle se souciait du client. Elle l’avait fait sans aucune intention particulière envers son patron car elle n’avait rien à lui prouver. D’ailleurs celui-ci la regardait avec son éternel air indifférent, la considérant sans aucun doute comme quantité négligeable, au même titre que tous les salariés, de toute façon. En comparaison, la manière chaleureuse avec laquelle l’Italien s’adressait à elle de façon inattendue lui mettait du baume au cœur, après ses récentes contrariétés. " - Nous allons déjeuner, Irène" l’avertit son directeur. " - Très bien, Monsieur Le franc. Bon appétit. — Vous ne vous joignez pas à nous, Mme Langeais ?!" lui lança joyeusement le client. " - Non, non, c’est gentil, mais j’ai encore plein de choses à terminer" dit-elle en baissant les yeux et en dissimulant sa surprise. Son patron assistait à ce bref échange d’un œil torve et étonné. Irène savait qu’elle devait rester à sa place, elle n’était rien, n’intervenant en rien dans ce dossier ; et sachant d’ailleurs bien que c’était son patron qui invitait, très probablement, il aurait trouvé gonflé qu’elle s’incruste, l’obligeant à payer pour elle également. Ça n’est pas le genre de choses qu’elle se serait permis, et même si elle avait eu le culot de les suivre, elle savait qu’il lui en aurait voulu et il le lui aurait fait payer ensuite. Elle en frissonnait d’avance. Les deux hommes partirent donc déjeuner. Par la suite elle ...
    ... n’eut de l’avancement de ce dossier, comme toujours, que des informations indirectes. Les tractations étaient longues, le client semblait vouloir signer le contrat mais son chantier était retardé, d’après ce qu’elle crut comprendre, ce qui laissait le temps aux Italiens d’essayer de faire encore baisser les prix. Le genre de clients très exigeants et dont on se méfie jusqu’au bout. — - - Une bonne dizaine de jours plus tard, son patron, un peu survolté, débarqua dans son bureau : " - Ah, Irène, le client italien, vous savez, Mr Buzzato, il arrive aujourd’hui. J’ai prévu de l’inviter à déjeuner. Vous pouvez réserver une table au Cheval Blanc ? — Oui Monsieur, je m’en occupe. J’espère qu’il restera de la place pour ce midi… — Oh si vous appelez maintenant, ça devrait aller" Elle détestait devoir travailler dans l’urgence, au pied levé, surtout alors que celui-ci devait connaître ce rendez-vous depuis plusieurs jours et ne l’avait pas tenue au courant. C’était un peu la prendre pour une bonniche. Elle décrochait déjà son combiné en réprimant une grimace. " - Et réservez pour trois, vous serez de la partie !" Comme elle leva les yeux sur lui, stupéfaite, il ajouta, baissant un peu la voix, sur le ton de la confidence : " - Oui, il a l’air de vous avoir à la bonne. Et puis entre nous, je préfère aussi qu’il y ait un témoin à ce rendez-vous." Et il sortit. Irène était troublée. Elle qui n’était qu’assistante du directeur, une subalterne qu’il ne tenait pas informée de grand-chose, ...
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