Le prix à payer (2)
Datte: 17/08/2020,
Catégories:
Hétéro
... la voilà qui, maintenant, devenait importante comme par magie, à tel point qu’elle devait être présente aux rendez-vous d’affaire, et tout ça, parce que le client, un type avec qui elle avait échangé en tout et pour tout pas plus de dix mots, appréciait sa présence. Passe encore que son directeur ne lui ait même pas demandé si elle avait d’autres projets pour ce midi (alors que le temps de pause n’était pas rémunéré, puisqu’étant du temps personnel), passe encore qu’il ne l’ait pas prévenue avant, passe encore qu’il la prenne au dépourvu, passe encore qu’il l’embarque comme ça pour servir de faire-valoir. Mais par contre se servir du prétexte qu’il ne voulait pas être seul avec ce client lui semblait un stratagème des plus hypocrites ! Parce qu’en plus il y avait au moins cinq personnes dans la société qui avaient suivi cette affaire et qui lui auraient été bien plus utiles en assistant à cet entretien, quand bien même c’était un déjeuner ! Or, justement, en quoi pouvait-elle être utile ? L’avait-il choisie parce qu’elle était discrète et vouée à se taire, des qualités indispensables à sa fonction, il est vrai, érigées en quasi-sacerdoce pour cette profession ? (le mot est composé lui-même de deux mots hautement significatifs (secret - taire)) En quoi pouvait-elle être un faire-valoir ? Son rôle était de se taire, d’observer, en souriant de préférence… rien de très valorisant. Elle se sentait vaguement dégoûtée, tout en gardant le fruit de ses réflexions pour elle-même. Mr ...
... Buzzato arriva peu de temps avant midi. Mr Lefranc avait appelé Irène sur son poste à peine un quart d’heure avant pour lui donner la consigne d’aller elle-même l’accueillir à son arrivée, puis de le prévenir. "Me voilà ravalée au rang d’hôtesse d’accueil" se dit-elle. On sonna et, sans pouvoir être sûre que c’était bien le fameux client, elle alla jusqu’au hall d’entrée afin de l’accueillir. C’était bien lui, et dès qu’il la vit, il arbora un sourire qui éclaira tout son visage : " - Hey, Mme Langeais ! Comment allez-vous ? — Très bien Mr Buzzato et vous-même ? — Parfaitement bien ! Et comment pourrait-il en être autrement ?!" Irène, habituée aux civilités et à la politesse d’usage lui rendit son sourire sans avoir à se forcer. La bonne humeur du type était sans doute communicative, et par ailleurs, de voir un homme qui semblait si content de la voir lui transmettait à son corps défendant une espèce de bienheureuse euphorie. " - Je vais appeler Mr Lefranc" lui dit-elle, "et nous pourrons aller déjeuner. J’ai réservé une table dans un petit restaurant que nous connaissons et qui est très fameux. — Oh meraviglioso ! Vous êtes un ange avec moi. C’est tellement agréable de manger en France, on sait si bien s’occuper des clients." Elle s’absenta pour appeler son patron qui ne tarderait pas à rappliquer, et elle retrouva Mr Buzzato dans le hall pour l’attendre. Il affichait toujours un sourire satisfait. Mr Lefranc arriva très vite, il prit sa voiture. Irène monta bien entendu à ...