Louise - La neige
Datte: 13/10/2017,
Catégories:
fh,
inconnu,
froid,
Oral
... apparaît dans la grisaille. C’est un tout petit chalet en bois, qui me sert de modèle pour la maison du papa ours, de la maman ours et du petit ourson, lorsque je raconte l’histoire de Boucle d’or aux enfants. La petite colline qui le domine le protège d’hypothétiques avalanches. Il y a plus d’un mètre de neige sur le toit de bardeaux (non, les murs ne sont pas blancs, pourquoi ?). Devant la porte, pas de bouleau, bien sûr, mais une petite place où on peut manger l’été, puis une pente raide de sept ou huit mètres, puis les pâturages avec quelques mélèzes. Il n’y a qu’une pièce, avec côté colline une plate-forme en bois avec six paillasses, et côté vallée une grande table devant une grande fenêtre, avec d’un côté un gros fourneau à bois tout rond, et de l’autre un coin cuisine avec un réchaud à gaz à deux trous, un évier et un petit plan de travail. Le lieu est simple, mais l’isolation est bonne, et la vue sur la vallée sublime (pas aujourd’hui, hélas). Je dégage un peu la neige devant la porte et j’entre. Il fait très sombre et très froid, avec en plus l’humidité des lieux inhabités. Brrr… Je balance mon sac au milieu des lits et j’entreprends aussitôt d’ouvrir les volets et de faire un bon feu dans le poêle. À croire que presque personne n’est venu cet hiver, parce que la provision de bois est à peine entamée. Il y a des chances que je sois tranquille ! Dès que le feu gronde, je remplis une bassine avec une montagne de neige pour la boisson, la soupe, les bouillottes et si ...
... possible un peu de toilette, et je rentre mes peaux de phoque pour qu’elles ne soient pas gelées demain. Je prends ensuite la pelle dans l’appentis et je vais dégager la porte de la cabane WC à une trentaine de mètres. Mon père tenait absolument et à juste titre à ce qu’on utilise les WC, même les jours de tempête. Il suffit de faire le tour des refuges d’hiver quand la neige fond en avril pour comprendre pourquoi… La neige fraîche part sans problème, mais la neige transformée est un peu glacée et plus résistante. Je bataille près d’un quart d’heure avant de parvenir à mes fins. Je viens de changer de tampon, porte grande ouverte, lorsque j’entends une voix mâle appeler : — Oh, oh, y a quelqu’un ? Non seulement je fais un bond en l’air, ce qui n’est pas commode dans la situation où je suis, mais en plus, je ressens cette vieille crainte du viol. Je n’ai pourtant pas été élevée dans la crainte des hommes, loin de là, et je suis loin d’être sans défense, et pourtant, à chaque fois que je rencontre un mec dans un coin isolé, il faut que je ressente ça ! Ça m’agace et ça m’indigne, vu que je déteste les stéréotypes (et les nanas qui ont peur de tout). Je me rhabille le plus vite possible et je réponds : — J’arrive. D’accord, ce n’est pas très original, mais c’est le seul truc qui me vient. Il est en train de décoller ses peaux. Pas très grand, un peu trapu, la trentaine, comme moi. Aussi noir de poil que je suis blonde. Il m’accueille avec un sourire charmant, et devant mon air ...