1. Saint Matthieu et l'ange


    Datte: 27/09/2020, Catégories: fh, hplusag, religion, Collègues / Travail revede, pénétratio,

    ... Vite. Il y a ce grand moine. Grand, long, presque interminable. Il y a ma mère et elle lui dit de me prendre parce qu’elle n’a pas su me garder. C’est comme un grand chien. Il court. Il court vers moi. Et moi j’ai mes pieds coincés dans cet asphalte, mou, dans ce grand livre, et je crie. Je crie et je me redresse brutalement dans mon lit trempé de sueur. Je regarde autour de moi. Ma porte est fermée. Ma Bible est fermée. Tout est calme. Tout va bien. Tout va bien. —ooOoo— Tout va bien. Du moins, c’est ce que je croyais avant de me sentir assaillie par une espèce de culpabilité vorace à la suite de ce rêve pour le moins déstabilisant. Moi, défroquer un curé ! J’avoue, j’avais mis ma sexualité de côté depuis un bon moment, et voilà qu’elle revient, au mauvais moment. J’aurais dû me rendre compte que ça montait en moi. Cette attirance, là, pour Matthieu. Pour Jean-Baptiste. Oh, et puis c’est pareil. « Et merde ! » J’envoie chier mon dictionnaire de latin et prends ma tête dans mes mains. Que frère Pacôme aille se faire foutre si je le dérange. Je suis vraiment sur les nerfs. Je suis sur les nerfs, parce que j’ai en moi, que je le veuille ou non, cette espèce de dogme indéfectible : l’Église est pure, les moines ne sont pas des hommes. Donc… donc en fait, désirer un moine, c’est tout aussi improbable et condamnable que… désirer son frère, ou bien désirer son père. C’est aller à l’encontre de tout cet ordre établi depuis des siècles et des siècles. Si je désire ce type, alors je ...
    ... suis une traîtresse. Je suis faible, lâche, je ne me contrôle pas. C’est limpide : je suis Madeleine la pécheresse, ou Ève qui fout en l’air le paradis. Comment est-ce que j’ai pu me laisser enfermer dans des héritages aussi stupides, moi qui ne suis ni catho ni croyante, et encore moins pratiquante ? En même temps, je trouve tout ça tellement malsain : si la nature nous autorise à éprouver de l’envie, alors pourquoi la société aurait le droit de l’interdire ? Je me révolte et je ne l’assume pas. C’est ça, le cœur du problème. Je suis lâche. Je me dis que je vais déguerpir, le plus vite possible, que cet endroit me rend dingue. Je mettrai un doctorant sur mon sujet. Je peux m’en sortir comme ça. Une nausée m’indique que non, ce n’est pas si simple. En fait, j’ai envie de rester. J’ai envie, et j’ai honte d’avoir envie. Et ça, ça m’énerve encore plus. « Putain de merde ! », je marmonne entre mes dents. Je remarque que frère Pacôme ne s’occupe pas plus de ma crise de nerfs que de ses bouquins, aujourd’hui. Il est en train d’ôter une à une les fleurs mauves, qu’il a ramassées hier, de leurs tiges. Il est presque caché derrière l’énorme bouquet. Intriguée, je m’approche. Il a un sourire. Suspect. — Qu’est-ce que c’est ? lui dis-je d’un faux air intéressé.— C’est une plante médicinale. Il prend une moue savante. Mon regard interrogatif le pousse à en dire davantage. — C’est pour les migraines de frère Matthieu. Il doit en prendre tous les jours, avance-t-il, presque agacé. Je me ...
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