Saint Matthieu et l'ange
Datte: 27/09/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
religion,
Collègues / Travail
revede,
pénétratio,
... interminable et très sombre. On dirait qu’il n’a pas de jambes. Je me cache sous le bureau. Il va me voir, je suis sûre qu’il va me voir, il va me foutre dehors. Je sais que je dois attendre Matthieu car il veut me parler. Les cigales alignées sur le mur ne m’étonnent pas du tout, je sais que c’est la monnaie d’échange ici. Le sol est mou. Pas comme du sable. Plutôt comme de l’asphalte, molle, ou une grosse couverture de livre en cuir tanné. Et puis je suis assise sur ce bureau, là. Un morceau de plâtre du plafond me tombe sur la tête comme une grosse goutte d’eau, et je vois qu’en fait, il a fait un trou énorme dans le toit : on aperçoit le ciel.— Ça n’a jamais existé que pour nous, dit frère Matthieu.Il ne touche pas le sol et on dirait qu’il a de grosses ailes, comme des ailes de bourdon. C’est bizarre. Moi, j’ai des haut-le-cœur.— De là-haut, on voit la mère.— La mère ?— Non, la mer.Ce mec est terrible. C’est tellement catho, tout ça, et puis il a un accent incompréhensible, je n’avais jamais remarqué. C’est bien beau, mais il faut que je finisse de compter et de mesurer les cailloux triangulaires que j’ai ramassés sur la tombe de Saint Jean-Baptiste. Il y en avait tellement qu’on ne le voyait plus !— Et lui, il essayait de sortir, mais il savait pas que c’était impossible ! s’exclame Matthieu en levant son verre de rouge.— C’est vrai qu’il aurait fallu une grosse pelle. Quarante-deux plus dix-sept ?— Soixante-neuf.— Depuis quand est-ce que tu as arrêté de fumer pour ...
... boire ? je m’entends lui dire.— C’est du thé.Son blouson en cuir lui va plutôt bien. Quand il touche ma hanche, mon infusion me tombe des mains.« Arrête… » ; je lui ai dit ça d’un air pas trop convaincu.Il sait bien que j’ai prononcé des vœux ; alors, pourquoi est-ce qu’il insiste ? Ça le fait fantasmer, de se payer une nonne ? Et moi, pourquoi j’ai envie de céder ? Ni une, ni deux, je me retrouve collée contre, face contre le gros pin, et il se presse contre moi. Je regarde mon pantalon de chantier à mes pieds, il est vraiment dégueulasse. Je savais que j’aurais dû le laver. Je mouille, je sais que je mouille, et c’est à peine si j’ai honte. Cette queue, dans ma chatte, je la connais, c’est celle de mon ex. Je crois que j’ai envie de gerber.— Fais gaffe : il paraît que la moitié des moines, c’est des repris de justice, me dit Matthieu, assis sur une chaise, qui regarde la scène, son chapelet à la main.— Il me reproche de passer trop de temps avec toi, je lui dis.Et sa bouche est sur la mienne. C’est comme si tout allait mieux. Mon ventre me brûle, mais ça n’est pas de la douleur. Ses yeux s’ouvrent et ils sont encore plus azur que le ciel, plus bleus que la mère.C’est Matthieu, que j’embrasse. C’est le moine. Enfin, c’est l’homme. C’est Jean-Baptiste.— Je te rencontrerais dehors, je t’embrasserais : cependant les gens ne me mépriseraient pas. Tu m’initierais.Ça résonne partout.— C’est le Cantique des Cantiques ? je lui demande.— Non, c’est Dieu.Il me dit que je dois partir. ...