Saint Matthieu et l'ange
Datte: 27/09/2020,
Catégories:
fh,
hplusag,
religion,
Collègues / Travail
revede,
pénétratio,
... l’heure du café. Je ne l’ai pas même vu quand les cloches ont sonné « sexte », vers midi. Il fait encore très chaud quand j’émerge, au cœur de l’après-midi. J’ai dormi une petite heure trente. Je crois que j’ai pu me remettre de mes suées de la nuit précédente. En sortant de l’hôtellerie, je croise frère Simon-Pierre et son balai. Je lui demande si, par hasard, il sait où est frère Matthieu. — Il est dans sa chambre. Il a mal à la tête. Ça lui arrive, termine-t-il en haussant les épaules. Puis il s’essuie le front d’un revers de manche et reprend sa tâche. Je suis ennuyée. J’ai une furieuse envie de savoir comment il va. Surtout depuis que je sais qu’on lui administre des remèdes bancals qui sont faits pour tout, sauf pour arranger la situation. Je finis par me décider. Je file à la cuisine faire couler une tasse d’un café bien serré, puis je passe dans ma chambre chercher un flacon d’huile essentielle de menthe poivrée. Le paracétamol fonctionne rarement sur moi, mais quelques gouttes de menthe sur les tempes et une bonne dose de caféine concentrée suffisent, en général, à me débarrasser à peu près efficacement d’une migraine. Ça marche sûrement mieux, en tout cas, que le gattilier. J’ai un sourire. J’ai fini par abandonner toutes mes prises de tête au sujet de la pseudo-trahison liée au désir dans l’espace monastique. Si j’avais continué, j’aurais sûrement hérité d’un bon mal de crâne, moi aussi. Arrivée devant la porte de sa chambre, je prends une grande inspiration. ...
... Non, je ne me demande pas ce que je fais là. Je le sais très bien. Enfin, je crois. Je toque. Le « oui » vient un peu tard, et il est un peu faible. — Frère Matthieu, je vous ai apporté une tasse de café, je m’entends dire. C’est maladroit. — Je ne sais pas si c’est très raisonnable, dit-il à voix basse, alors que j’entre. La pièce est plongée dans la pénombre et mes yeux ne s’y habituent que lentement. Les volets clos filtrent juste assez de lumière pour que je puisse le distinguer, allongé sur un lit une place, au fond de la pièce. Je crois qu’il porte une espèce de chemise ample en tissu clair. Sur la droite, je discerne une chaise et un bureau. — Je pensais que c’était frère Pacôme ; il doit m’apporter une infusion. Je déglutis. — Je sais, il m’en a parlé. Ce sera sûrement pour demain. En attendant, j’ai apporté un café bien serré. Ça aide à faire passer le mal de crâne, en général. J’ai aussi pris de la menthe poivrée : sur les tempes, ça soulage.— Je mets aussi de la menthe poivrée dans les préparations de Pacôme. C’est donc ça qui explique toute cette odeur de menthe sauvage qui flotte autour de lui en permanence. Ça n’a rien de très saint, finalement. Il se redresse au bord du lit en enfonçant ses pouces dans ses orbites. J’approche la chaise et m’assois près de lui pour lui tendre le café sans sucre, qu’il avale d’un trait. — J’ai même dû fermer la fenêtre. Chaque vague du crissement des cigales, c’est comme une scie qui m’ouvre le crâne. J’ai l’impression que mes yeux ...