1. Premières découvertes


    Datte: 29/09/2020, Catégories: fh, inconnu, Collègues / Travail sales, odeurs, pénétratio, journal, aventure,

    Je ne comprends pas pourquoi Iouri se défie de moi à ce point. Il doit être misogyne ou quelque chose comme ça. Aujourd’hui, il n’a même pas voulu que je mette le nez dehors. « Trop froid, trop de vent », il a dit. Qu’est-ce qu’il croit, que je suis en sucre ? Un genre de petite fille fragile ? Je ne suis pas arrivée à ma position, à mes fonctions à l’Institut, sans être capable d’affronter beaucoup de choses. Y compris le froid et le vent. La bureaucratie. Les enquêtes de personnalité. Et même ce mufle de Iouri ! Il a beau être le chef de l’expédition, je ne vais pas le laisser me maintenir à l’écart ! Ce soir, ils sont revenus avec des nouvelles passionnantes : il semblerait que, à trois kilomètres au nord-est de la station, le permafrost contienne des animaux congelés, probablement des fossiles préhistoriques. Deux chasseurs appartenant à une tribu voisine de celle de notre guide leur ont affirmé qu’on en avait déjà trouvé à cet endroit. Demain ils y retournent, et j’irai avec eux, foi d’Anna Ivanovna ! Je dirai à Iouri que c’est en plein dans ma spécialité ; il a beau être géologue, il ne connaît rien aux fossiles congelés. Je ne vais pas laisser cette brute abîmermes spécimens. Ce soir, le guide semblait presque excité par la découverte. Depuis le début de l’expédition, il est très réservé. Je dirais même : morose et apathique. Ses yeux sont fuyants, on ne les voit presque jamais. Quand on les aperçoit, ils semblent éteints. Son visage est un masque impassible. Même le ...
    ... Président de l’Institut, ce fossile, ce vieux hibou conservé au formol, est plus expressif ! Et, ce soir, le guide avait les yeux brillants, il a sorti des phrases entières en russe, alors que je croyais qu’il ne connaissait que quelques mots de base ; un très mauvais russe, certes, mais il arrive à se faire comprendre de Iouri. Est-ce que ce sont les fossiles qui l’excitent à ce point, ou bien y a-t-il autre chose qu’ils ne m’aient pas racontée ? Quel sauvage, quand même. Il pue, il ne se lave jamais, il est vêtu de peaux de bête, et je suis sûr qu’il croit encore aux vieilles superstitions de son peuple. Bien sûr, nous sommes tous camarades… mais il me semble quand même que la révolution n’est pas venue jusqu’à ces contrées sauvages et désertiques. Comment s’appelle-t-il, déjà ? Motal, Moktal, Madjal ? Quelque chose comme ça. Leurs noms sont si étranges… Je viens de relire ce que j’ai écrit : traiter le Président de vieux fossile, dire que la révolution n’est pas arrivée jusqu’ici… voilà des mots qui pourraient me coûter cher. Heureusement, je ne mélange jamais l’affectif et le travail. Mes notes de travail sont strictement professionnelles, tandis que, dans ce cahier, je peux me laisser aller un peu… Enfin, demain : les fossiles ! Vive la science, vive la révolution ! * * * Nous avons creusé le permafrost avec des pelles et des pioches. C’est un travail harassant. J’ai insisté pour faire ma part. Iouri, qui était encore tout étonné de s’être fait remonter les bretelles par ...
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