L'art de se perdre
Datte: 17/10/2020,
Catégories:
ff,
couple,
extracon,
fsoumise,
fdomine,
portrait,
initff,
Lesbienne
— Seulement, tu me raconteras. Cette phrase, dans une logique de nouvelle érotique aurait dû me remplir d’excitation et justifier les ébats les plus invraisemblables, étalés à grand renfort de mots crus. Elle me glaça, dans une avalanche ensevelissante de sentiments contradictoires. Je ressentais à la fois une porte se refermer sur moi, dans un bruit de sexe mouillé, le doute s’infiltrer, soupçonnant, au mépris de toute vraisemblance, un piège préparé par mon mari, et je me voyais, objet de plaisir, passant des bouches et des doigts au sexe masculin, assaillie sans cesse par les désirs ajoutés des unes et de l’autre. J’en étais presque angoissée, et lorsqu’il s’est retiré de mon ventre, j’ai écouté avec un plaisir morbide les bruits indécents de ma chair écartelée. Les jours suivants sont flous. Les gens devenus silhouettes, mes filles, des rayons dans l’ombre. Dans la conversation d’un groupe de jeunes femmes, simples et morales, je me répétais « tu es une salope » « tu baises avec n’importe qui », jusqu’à ce qu’une des femmes me regarde, presque inquiète : — Suzanne, ça va ? Vous paraissez lointaine. Tout va bien ? J’ai fait oui de la tête, sans trop oser la regarder, redoutant qu’elle ne me fît envie. Mon mari m’évitait, mais nous nous évitions, conscients du nouveau pacte, pas encore ratifié qui existait entre nous. Notre vie sexuelle avait été simple et tranquille et, en un instant, le diable était rentré dans notre maison où il restait tapi depuis des années. Dans ...
... les temps qui suivirent, de petits incidents m’assaillaient comme autant de provocations, faits auxquels je n’aurais jamais, avant, prêté attention. La vision d’une cuisse féminine dans l’envolée d’une jupe aiguisait ma perception. La trace d’une culotte sur le pantalon ou la jupe me faisait imaginer les fesses de l’innocente. Plusieurs fois, mon regard s’arrêta sur des seins, évaluant, malgré moi, leur volume, leur fermeté, leur pouvoir érotique. Cela devenait insupportable, ma fredaine devenait débauche virtuelle. Dix fois, mon mari me sollicita ; je devais le masturber en lui racontant la bouche sur ma vulve, ma bouche sur la vulve, mon linge dépouillé, mes écartèlements. Après quelques jours, moi-même étant lasse de ressasser, le calme revint, avec son cortège de routines, la reprise du travail, et un certain effacement de mon écart de conduite. Et le téléphone sonna, un mercredi, jour sans école. Le son de la voix fut comme un coup de tétanie. — Bonjour Suzanne, c’est Valérie, je vous ai attendue, j’étais très déçue, et je n’étais pas seule à l’être. On vous espérait. Je pense que vous serez libre ce vendredi après-midi, à quinze heures. Ce que je tentais comme déjà excuse était dérisoire. À l’autre bout, je sentais une force de conviction et comme une menace latente. — J’ai ma famille, mon travail, et je ne suis pas aussi libre qu’on peut le supposer.— Mais il ne s’agit que de notre plaisir commun de se retrouver, pas d’une obligation, même si nous nous sentons toutes ...