1. Bal masqué (1)


    Datte: 04/12/2020, Catégories: Transexuels

    1- — Ça y est ! s’écria maman. On a le thème pour le Nouvel An On s’approcha et nous lûmes le mail : « Il sera Elle au lycée de Versailles » Puis un PS, plus bas dans le message : « Pour les blonds et les blondes : les garçons en fille et les filles en garçon ». Suivi d’un autre PS, en rouge : « jupe obligatoire ! » Cette dernière contrainte était la garantie de fous rires. Je me suis toujours demandé quand ce thème bateau allait tomber. Voilà, c’était fait. Car tous les ans depuis que je suis en âge de me souvenir, notre famille se réunissait pour fêter la nouvelle année à l’occasion d’une soirée dansante et surtout costumée. L’an passé, le thème était les jeux vidéo, l’année d’avant les super-héros, et l’année encore avant, le cinéma. La soirée était organisée par mes tantes Ghislaine, dite Gigi, et Marianne. Elles avaient créé une association pour gérer légalement l’événement (surtout l’aspect financier) et organiser toute la logistique, même si chacun mettait la main à la pâte pour garnir le buffet. Et aussi acheter les prix qui récompenseraient le concours du meilleur déguisement. Moi, c’est Thomas. Ou Thom ou Toto. Mais ça, c’est quand j’étais petit. Je n’ai jamais aimé ce surnom. Surtout quand Maman disait en riant « Tous ces totos qui trottent sur la tête à Toto » lorsqu’on annonçait une invasion de poux à l’école. Je n’avais pas attendu Racine pour découvrir les allitérations, qu’elles soient en S ou en T. J’approchai de mes dix-huit ans. Ma famille se composait ...
    ... de mes parents, Marc et Sophie et d’une sœur, Léa, de deux ans mon ainée. Elle et moi, on s’entendait plutôt bien. Mais d’un côté, on ne faisait que se croiser. Moi en terminale, elle en fac ou au hand. Elle jouait demi-centre dans l’équipe locale et, entre les entrainements et les matches, on ne la voyait pas souvent. Sans parler du temps qu’elle passait avec sa meilleure amie Nadège, collègue de fac et de hand. Mes parents, Marc et Sophie, avaient passé la quarantaine. Maman était assistante de direction, Papa commercial et souvent en déplacement aux quatre coins du pays. Ils nous avaient eu jeunes, choisissant de pouponner d’abord et de s’amuser plus tard, quand on serait plus grand. On habitait dans un pavillon entouré d’un petit jardin pour lequel il ne leur restait que quelques années pour terminer le crédit. La soirée tourna autour des déguisements que l’on allait porter. On avait encore deux mois pour trouver et peaufiner notre tenue. D’autant plus qu’on était tous candidat au concours. Léa avait déjà trouvé : elle serait Nikola Karabatic, son idole. Papa et maman cherchaient toujours. Mais l’idée de Bonnie and Clyde faisait son bonhomme de chemin. — Et toi ? me demanda maman. — J’en sais rien. Je vais réfléchir, répondis-je. En fait, pour une fois, le thème ne m’inspirait pas du tout. Contrairement aux deux éditions précédentes où Zelda et Hulk avait fait impression. Surtout Hulk, quand on sait que je fais soixante-cinq kilos tout mouillé. Léa fit tout un tas de ...
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