1. Bal masqué (1)


    Datte: 04/12/2020, Catégories: Transexuels

    ... répit se mua en torture. Léa me reprenait sans cesse sur ma façon de me tenir, de m’assoir, de me lever. — Mais pourquoi vous faites tout ça ? m’énervai-je. C’est juste une soirée déguisée. Je n’ai pas demandé à passer ma vie en fille ! — Pour le concours tu dois être parfaite ! Le moindre détail peut te faire gagner. — Mais je m’en fous du concours. — Pas moi ! dit Maman. Tu sais que celui qui gagne est invité l’année suivante et donc exempté de frais. Je tombai des nues. — Vous en êtes à ce point ? — Non. Mais c’est pour dire. Ce sont toujours les mêmes qui gagnent. Faudrait que ça change un peu. — A mon sens, il manque quelque chose, intervint Papa en sortant de la cuisine. — Et quoi donc ? demanda Léa, vexée qu’on mette en défaut son travail Papa désigna la poitrine en mimant de gros attributs mammaires. — Pas faux, répliqua Maman. On va corriger ça. Nous passâmes à table. Encore une fois tous mes gestes furent scrutés et corrigés. Je passai encore du temps à marcher et je commençai à avoir mal aux pieds. — Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? demanda Maman. — Je ne sais pas répondit Papa. Par contre, il n’y a plus de pain. — Les filles, vous allez en chercher ? — Ok, dit Léa. — Mais je ne vais pas sortir comme ça ! m’offusquai-je. — Et pourquoi pas ! Ce sera le meilleur moyen de valider ta crédibilité. — Non, je n’irai pas ! — Tu es sur la bonne voie, railla Maman. Tu es déjà capricieuse ! — Pfff, soupirai-je. Je cédai. — Cool ! s’exclama Léa. Mais tu ne peux pas sortir ...
    ... comme ça, dit-elle en quittant la pièce. — Ah tu vois. Elle revint presqu’aussitôt et me tendit un sac à main. Je passai ma pelisse et nous sortîmes dans le froid de décembre. Il s’insinua sous ma jupe et chatouilla mes cuisses à demi dénudées. Le claquement de mes talons troublait le silence de la rue, Léa ayant gardé ses baskets. Si je n’étais pas rassurée en sortant de la maison, cela ne s’arrangeait pas en arrivant en centre-ville. On entra dans la boulangerie, cherchant à me cacher vainement derrière ma sœur. — Bonsoir Mesdemoiselles, clama la vendeuse. Qu’est-ce que je vous sers ? — Deux baguettes, annonça Léa en me donnant le porte-monnaie — Deux euros. Je fis l’appoint et nous sortîmes. Je murmurai un bonsoir inaudible en réponse à celui de la vendeuse. — Tu vois, ça c’est plutôt pas trop mal passé. — Oui, oui, dis-je sans conviction. — J’ai envie d’aller voir les magazines, annonça Léa. Excuse bidon pour m’obliger à me pavaner en public. La boutique était loin d’être déserte mais si on me regardait, c’était plus pour ma tenue qui me transformait en chaperon rouge que pour mon côté travesti. Nous sortîmes les mains vides. 3- Nous rentrâmes enfin. Mais si le départ se fit dans une certaine angoisse, le retour fut plus rassurant, en grande partie parce que personne ne m’avait fait de remarques désobligeante. — Tout s’est bien passé ? demanda Maman. — Comme sur des roulettes ! affirma Léa. — N’exagérons rien, répliquai-je pour modérer l’enthousiasme de mes tortionnaires. — ...
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