1. Un rêve éveillé


    Datte: 21/10/2017, Catégories: fh, revede, poésie,

    — I - Donc vous êtes sur ce canapé Assise bien droite Attentive Vous observez Vous ne touchez pas à votre verre, ou si peu Prudente, aux aguets Je vous demande de m’embrasser Cette demande se voudrait à la fois un ordre et une prière Car nous savons que c’est l’enjeu de notre lutte Que c’est une sorte de point d’équilibre Et que pour l’instant vous ne l’avez pas franchi Et non, vous ne bougez pas Vous restez immobile même Attendant le combat Peut-être même la désirez-vous cette lutte Une lutte qui vous permettrait de céder Céder ce que votre esprit refuse Que refuse-t-il d’ailleurs ? Est-ce votre instinct de femme ? Peut-être en disant « oui » vous me verriez disparaître Comme un mauvais génie Comme une illusion Comme un chat qui délaisse sa proie après l’avoir attrapée Comme un homme… Est-ce une forme de fantasme de viol, vous voulez être prise sans en exprimer le consentement ni le désir ? Est-ce une sorte de virginité militante où votre esprit s’exige d’aimer d’amour celui qui vous embrasse L’aimer ? Lui ? Avec son foulard et sa pochette ! Ridicule ! C’est impossible Ce serait catastrophique ! Puisque depuis 6 mois votre orgueil vous oblige à croire que vous aimez celui qui vous a abandonnée Toujours est-il que je ne vais pas faire ce que vous attendez de moi Pas aujourd’hui Alors je m’approche de vous Mon nez et ma bouche vous frôlent Nos nez et nos bouches se caressent Vous ne bougez pas Vous consentez à me laisser faire Mais vous ne bougez pas Nos bouches sont ...
    ... entrouvertes Mais il n’y aura pas de baiser Juste des frôlements Nous nous sentons Nous nous effleurons Nos souffles se mêlent Il y a de l’animal dans ce contact entre museaux Votre souffle se fait plus court Quand je descends votre nuque Pourtant les seuls contacts restent la pointe de mon nez Et les deux bordures de mes lèvres qui glissent sur votre peau Voulez-vous connaître la suite que j’ai rêvée ? M’en vouloir de vous désirer… Mais ce n’est plus le moment Et vous êtes ailleurs et fatiguée Et je ne parle que pour étouffer votre silence Qui me fait un peu peur… — II - Alors je vous aurais saisie Pas comme une poupée molle Pas comme un objet sans vie Pas comme une jeune fille endormie Car Paradoxalement votre immobilité n’est pas passive Elle vibre Elle respire Elle tremble Je vous aurais saisie comme d’un violoncelle Assise, mais de dos Je vous aurais massé le crâne Massé avec la pointe de mes dix doigts En appuyant fort Mais lentement Longtemps Entourant votre tête Comme si je voulais aussi contraindre votre esprit Encore rebelle derrière votre large front La berçant aussi Très doucement De droite et de gauche Jusqu’à ce que votre nuque se détende Et se laisse faire sans plus de résistance Vous auriez entrefermé vos yeux M’oubliant enfin Pour ne sentir que les frémissements Qui descendent votre dos Durant ce massage je suis très proche de vous Mon torse s’appuie contre votre dos La bouche murmure à votre oreille un langage sans mots Et cela dure Et cela pourrait durer encore Vous ...
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