1. Marie-Ange


    Datte: 20/12/2020, Catégories: fh, plage, amour, volupté, Oral init,

    ... tait. Les yeux pleins de larmes à cette évocation tragique de la fin de son Amour. Vous, vous n’osez même plus la regarder. Vous retenez votre souffle. Vous avez mal pour elle, pour lui, pour eux. Alors que seuls le chant des grillons et des courtières percent la nuit étoilée et douce, qui magnifie les parfums du maquis, Marie-Ange reprend encore son récit, après avoir secoué la tête, comme pour chasser les idées noires ou la vision de son Homme étendu à ses côtés. — Jamais on n’a su qui l’avait assassiné ou fait assassiner. Certains de ses amis voulaient le venger, me venger. Mais la vengeance n’engendre que la vengeance, la violence que la violence. J’ai refusé leur aide. J’ai refusé leurs propositions. J’ai fermé le cabinet. J’ai répandu ses cendres sur le Cap Corse et je suis venu, ici, pour cacher mon chagrin, pleurer ma solitude. Il m’a fallu longtemps pour me reconstruire, refaire ma vie… mais sans homme… sans les Hommes. Certains, au village, et ailleurs aussi, vous diront que je suis folle… C’est vrai, certaines nuits de juin, je me réveille en sursaut, au milieu de la nuit, le corps secoué par de terribles tremblements d’effrois, d’angoisses et de manques. Alors je traverse le maquis et lui confie mes peurs, mes ...
    ... larmes. Là, je peux y hurler ma douleur ! Ceux qui ne savent pas, en entendant mes cris et mes plaintes déchirer la nuit peuvent penser qu’il y a des loups, mais ceux qui savent… Ceux-là se recroquevillent dans leurs nids douillets, la frayeur tenaillant leur ventre… Ils entendent les exhortations de l’amour à mort… de la plainte de celle qui reste quand l’autre est déjà loin… En entendant ces dernières paroles, terribles, un long frisson vous traverse le dos, glace votre être jusqu’à la moëlle de vos os. Vous n’osez ni bouger, ni parler, ni la consoler. D’ailleurs, que faire ? Que dire ? Comment la consoler ? Vous attendez juste, avec elle et en face d’elle, que l’aube pointe son nez… et au premiers rayons de soleil, les yeux rougis de fatigue et d’émotions, les membres ankylosés et engourdis par la fraîcheur de la nuit, vous reprenez le chemin du retour. Au moment de partir, elle charge votre sac de victuailles odorantes, d’un bouquet de myrte frais cueilli et vous donne une longue et silencieuse accolade. Toujours muet, vous entamez votre sentier quand un "Pace salute !" résonne longuement dans votre dos et vous fait retourner, une dernière fois, sur ce coin de paradis pour les touristes mais d’enfer pour la belle Corsoise. 
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