Remplacement - 1/2
Datte: 02/02/2021,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
... autour de sa taille avant de s’avancer vers nous : — Eh ben, José ! Tu déconnes pas un peu, non ? Ferme cette porte ! — C’est Corinne ! C’est la petite ! — Et alors ! … quoi ? Qu’est-ce que … Lui aussi avait les yeux bien rouges après m’avoir serré dans ses bras. J’avais dix ans quand ma mère est morte. Dix ans que je n’avais plus mis les pieds ici. Ce vestiaire, je le connaissais par cœur. Depuis toute petite j’accompagnais ma mère et jusqu’à douze ans j’avais ma place dans le vestiaire, tout au bout du banc, à côté de la table où ma mère déposait les maillots qu’elle avait lavé dans la semaine. Les dernières années, c’était devenu une tradition, c’était moi qui remettais son maillot et son short à chacun après l’échauffement les jours de match. Une mascotte. Un porte-bonheur. J’étais tout le temps fourrée au stade. Je ramassais les ballons, j’aidais ma mère à nettoyer les vestiaires après les matchs et les entraînements, et pour quelques-uns, en échange de bonbons et parce que je les aimais bien, je lavais à grande eau et brossais leurs crampons avant de les cirer. Jean-Mi et José m’ont faite entrer avec eux, les gars râlaient un peu : — Oh les gars, ça va, des culs elle en a vu des palanquées, et des plus beaux que les vôtres, je peux vous le dire ! alors arrêtez de faire les chochottes ! — Et la nouvelle copine de Jonas, elle peut venir aussi ? — On se calme ! — Tu nous la présentes pas ? — Si, toute-à-l ’heure, dans la salle de briefing ! Habillez-vous ! Jean-Mi avait ...
... raison, des culs, j’en avais vus pas mal dans ce vestiaire ! Mais j’avais douze ans la dernière année … et déjà à douze ans le spectacle des vestiaires m’échauffait un peu, et c’était pas les culs que je regardais. Ils me connaissaient tous, ne faisaient pas attention à moi, et peu d’entre ceux de cette époque s’étaient aperçus que depuis quelques temps j’avais les yeux qui traînaient … et puis il y avait ceux qui passaient de temps en temps à la maison, qui me faisaient sauter sur leurs genoux avant que ma mère me couche, et qui restaient pour un bout de nuit après. Jean-Mi était de ceux-là. Je croiserais sans doute les autres aussi, ceux qui avaient raccroché les crampons, qui sans doute viendraient au stade le dimanche. Jean-Mi m’a présentée à tous. Plutôt sympas, quelques-uns se souvenaient de moi toute gamine, ceux qui étaient cadets quand j’étais partie vivre chez ma tante : — Tu remplaces Marie-Jo ? C’est vrai ? Eh ben ! J’ai bien vu quelques sourires, quelques-uns qui détournaient les yeux gênés … J’étais allée voir Marie-Jo avant qu’elle ne parte à l’hôpital puis en maison de repos pour trois semaines. Le boulot, je connaissais, je voulais surtout prendre de ses nouvelles, me faire connaître. — Alors c’est toi qui a remplacé maman tout ce temps ? — Eh oui ! Ça fait quoi ? Dix ans ? C’est ça, hein ? — Ça a changé ou … tu faisais tout comme elle ? Je n’avais aucune arrière-pensée en lui posant la question, mais elle a rougi et a baissé la tête un instant. En relevant les ...