L'inconnue de l'Est-Express - Histoires de Sexe

L'inconnue de l'Est-Express

... bien foutue. Il me faut accélérer un peu les choses avant qu’elle disparaisse. Tandis qu’elle rallume une cigarette sur la terrasse, je lui demande du ton le plus badin : — Je peux te prendre par la taille ? Elle souffle sa fumée, regardant droit devant elle, sans me répondre. Alors je pose doucement ma main sur le tissu léger de sa robe, juste sous le blouson de cuir fauve, et je me rapproche d’elle. — Tu es tendue, dis donc… Étrangement, elle regarde mes pieds tandis que l’on traverse. Côte à côte, on contourne pas mal de voitures à l’arrêt et ma main ne la ne quitte pas. J’ouvre grand ma paume sur sa hanche alors que nous arrivons devant la gare. — Donc tu repars vers Château-Thierry c’est ça ? Moi je vais à Lagny. Je t’accompagne jusqu’à ton train ; je ne voudrais pas que tu m’oublies entretemps ! Elle sourit, encore, mais je sens une pointe de complicité naître dans ses yeux maintenant. À l’approche des grilles, elle s’écarte de moi pour aller jeter sa cigarette dans un cendrier et aussi, je le devine, pour ne pas entrer dans la gare collés-serrés ! Redouterait-elle une rencontre gênante ? Mais ne pas lâcher l’affaire. Rien à perdre, ces dernières minutes sont décisives. Je la rejoins et lui reprends la taille doucement. Pas de rejet. Pas grand-chose en fait. Cette femme m’intrigue vraiment. Depuis le début, elle semble résignée autant que flattée, mais je sens bien qu’une fois dans son train, je risque de n’être qu’un incident, une anecdote, une première qu’elle ...

... racontera à une collègue, une copine. On arrive. Surprise : c’est la foule, des gyrophares, des rubans orange et blanc. Accès interdit, colis suspect la gare est évacuée. Circulez s’il vous plaît. On nous a fermement stoppés. C’est le moment inespéré. — Viens ! C’est l’occasion ! Elle ne bouge pas. Semble un peu perdue, regarde à nouveau mes chaussures. — S’il te plaît, c’est une chance pour nous, tu vois bien, il faut la saisir, laisse-moi te guider et aie confiance en moi. Mais non ! — Je connais un endroit sympa pas très loin d’ici. Elle a relevé la tête et réfléchit, évitant le grand sourire émerveillé que je lui assène. — Je ne suis pas sûre que ce soit… je préfère attendre ici ; je ne veux pas rater mon train, rentrer tard.— Tu as entendu, ça peut durer un certain temps. Ce n’est pas un hasard ? Je ne veux pas qu’on rate cette occasion de passer encore un moment ensemble. On revient après, enfin, un peu plus tard… Elle a un petit rire sec avant de lancer : — À croire que la SNCF est de mèche avec toi. C’est bon, elle a dédramatisé la situation. Plus qu’à l’éloigner de là. Elle le tient, son alibi. Et sa circonstance atténuante. — Qui sait ? Allez viens. Elle se laisse entraîner par ma main qui a allègrement repris sa taille et nous rebroussons chemin parmi les embouteillages de fin d’après-midi. Je n’ai que quelques hectomètres à lui faire ainsi parcourir, avant, j’en suis quasi convaincu maintenant, de gagner la partie plus vite que prévu. Je nous dirige vers la rue ...