ON / OFF - Histoires de Sexe

ON / OFF

... Une pizza ? Isabelle arrive à passer d’un sujet à l’autre en un clin d’œil. Cette femme lui plaît de plus en plus. — Va pour une pizza. Un truc tout simple, s’il te plaît. Elle cherche son portable dans son sac, et passe commande. Pendant ce temps, Franck détaille les étagères de la bibliothèque. Hétéroclite. Il y a ici aussi bien des traités de physique que des livres sur l’architecture précolombienne, des manuels de mathématiques, de la philosophie allemande. De magnifiques ouvrages italiens, couverture en cuir, papier vélin… — Est-ce que tu veux bien m’expliquer tout ceci ? demande-t-il en faisant un large geste de la main.— Ha ! Oui… tu n’es pas au courant. Il y a plusieurs années, j’ai failli me marier. C’était – c’est toujours d’ailleurs – un homme très séduisant. Et plutôt riche, sans pour autant rouler sur l’or. Christian a toujours été amusé d’entendre des hommes de son entourage appeler leur femme pour leur dire :— Je suis en réunion, chérie, ne m’attends pas ce soir. Il a eu l’idée de monter ceci : des salons que l’on peut louer au mois. Il a tout fait avec un de ses amis architecte et ils ont appelé ça : la salle de réunion. Il fallait y penser, n’est-ce pas ? Ordinateur portable, wifi, bar, télévision, téléphone, il y a aussi une petite salle de douche et une toilette à côté… Et puis, mon ex est un voyeur. Il a fait installer des caméras un peu partout. Il m’a déjà montré des trucs assez… chauds. Je suis assez portée sur le sexe, j’ai l’esprit plutôt ouvert, ...

... mais là ! Comment dire ? Ça dépassait l’imaginaire.— Est-ce que nous sommes filmés, là, maintenant ?— Non… J’ai demandé à Christian d’avoir moi-même le contrôle de ce qui est filmé. Je l’enclenche de temps en temps ! Je te l’ai déjà dit, j’ai un esprit assez ouvert sexuellement… Et je suis aussi un peu exhibitionniste. Le truc du décolleté, tout à l’heure, m’a passablement émoustillé. Une curieuse sonnerie retentit. Isabelle se lève, sans se presser, et va dans le vestibule. Il entend son estomac hurler – à tel point que la tête lui tourne un peu. Elle revient avec deux cartons de pizza qu’elle dépose sur la table basse. Franck remarque qu’elle se déplace tel un félin : agile, gracieuse, rapide, sans donner l’impression d’être pressée. — Blanc ou rouge ?— Je vais continuer au blanc, merci. Et, heu… j’aimerais aussi un verre d’eau, si tu as.— Bien sûr. Lors du repas, Franck a tout le loisir d’enfin réfléchir correctement à cette situation quelque peu étrange. Qu’est-ce qu’il va bien pouvoir faire de ce « pouvoir » ? Est-ce qu’il va réussir à l’utiliser correctement ? Autre chose… Est-ce qu’elle peut lire dans mes pensées ? Est-ce que je peux le faire ? — Bien sûr que tu peux… ce n’est qu’une question d’exercice ! Franck arrête la course de sa fourchette. La bouche à moitié ouverte, l’air idiot de la crédulité. Bon sang, se dit-il, rien ne lui échappe ! — Non, rien ne m’échappe.— Bon Dieu… Peux-tu me laisser penser tranquillement, s’il te plaît ? crie-t-il presque. Elle lui sourit ...