1. Une robe bleue et un mollet galbé


    Datte: 02/03/2021, Catégories: fh, hplusag, inconnu, hotel, voyage, amour, Oral pénétratio,

    Il est 22 h en cette chaude journée de fin juin. La fenêtre ouverte de mon appartement donne sur les toits de Paris. Je suis fébrile devant mon ordinateur, à rafraîchir sans cesse ma page mail dans l’espoir d’un nouveau message de toi. Quelle sera ta réponse ? J’ai lancé la pièce et elle virevolte dans les airs. Pile ou face ? Répondras-tu seulement ? Il arrive que la pièce ne retombe jamais, lancée trop loin… Et puis il arrive qu’elle retombe face, qu’elle brille de mille éclats et soit sourire… L’attente est insupportable. Je te sais là si près de moi via cet Internet qui nous relie tous. Tu es en ligne, je le sais, Facebook me le dit. Tu as forcément reçu une notification de message. Si près, à quelques touches, à un clic de souris. Et puis si loin aussi. Car tu n’attends pas mon message. Car nous ne nous connaissons pas. C’est fou comme on peut projeter des désirs avec impatience et laisser courir son imagination. Même à 40 ans. Pour une inconnue. Car je ne sais rien de toi. Ou si peu. Et pourtant suffisamment pour espérer. On n’est pas raisonnable quand le cœur s’en mêle. Il est 6 h 30 du matin. C’était il y a 10 jours en fait. À Orly. Comme souvent, pour le travail je prends l’avion : réveil brutal, taxi nauséeux, sécurité agressive, attente sous les néons. Je ne suis pas du matin et les gestes sont mécaniques d’habitude et embrumés de sommeil. Je vais à Milan pour la semaine, bagages en soute et sacoche d’ordinateur à l’épaule. La salle d’embarquement est pleine de ...
    ... cadres sérieux comme tous les lundis matin à cette heure-là. Un plateau, un croissant, un café allongé et une petite Vittel : je fais la queue pour payer ces maigres réconfortants payés à prix d’or. Les cadres du matin à Orly sont sérieux et captifs. Les tables du café sont bondées. Les plateaux sont pleins ou vides, les personnes seules ou entre collègues. Il y a ceux qui lisent, ceux qui parlent, ceux qui bossent, ceux qui compulsent leur smartphone. Mais tous sont assis. Un bruit de fond discret occupe l’espace. Je cherche une place, mon plateau à bout de bras. Il y a le long des fenêtres une sorte de console avec des tabourets qui permettent de regarder le tarmac. Tous sont pris sauf un, mais dont la table est occupée par un gobelet sale. Les poubelles de débarrassage sont en évidence mais il est fréquent que certains ne se sentent pas concernés. Les cadres du matin à Orly sont sérieux mais pas tous. C’est ma chance, je vais pousser le gobelet et m’installer. Et là, en avançant vers ce petit bout de table, je te vois. Ou plutôt je vois une silhouette, de dos. Ou plutôt, je vois une robe bleu clair de dos. Et cette robe m’attire. Elle est légère et élégante, cintrée sur ta taille et laisse tes épaules nues. J’avance tout autant vers la robe que vers la place et, d’une spontanéité totale, je me tourne vers toi en posant mon plateau et te demande « Excusez-moi, il n’y a personne ? » Tu relèves la tête, et dans un sourire me réponds « Non, je ne crois pas. » Le ver est dans le ...
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