1. Une robe bleue et un mollet galbé


    Datte: 02/03/2021, Catégories: fh, hplusag, inconnu, hotel, voyage, amour, Oral pénétratio,

    ... collègues sont pénibles, les clients insupportables, le patron très con. La journée va être dure. Tout ça parce que j’ai besoin de vérifier ma boîte mail. C’est puéril et je sais que tu bosses. Consultante en stratégie, parlant anglais et italien, diplômée d’une grande école d’après LinkedIn. Aimant les voyages, la cuisine et la lecture d’après Copainsdavant. Bac avec mention et habitant le 6ème arrondissement d’après Google. Dix fois je vérifie mes mails en attente d’une notification Facebook. Rien. Je rentre le soir, épuisé par cette vaine journée d’attente. La chaleur à Paris est étouffante. J’ouvre les fenêtres. Le bruit de la rue est assourdissant. Je ferme les fenêtres. Je n’ai pas faim. Je doute. Je me connecte et relis le message. Une fois, deux fois, à le connaître par cœur. Je me couche face au silence angoissant. Et ma nuit est agitée de rêves ambivalents. Tantôt tu me réponds et nous nous rencontrons et nous passons de folles journées passionnées. Tantôt tu restes muette, me laissant seul dans l’immensité numérique, naufragé sans réponses et sans bouée. Tantôt tu m’écris pour me dire combien mon message est inapproprié, combien je ne suis pas ton style, combien tu te moques de moi. Et je me tourne et retourne dans ce lit, seul et en sueur. Les jours se suivent et je m’habitue. La fébrilité s’éloigne. Et pourtant j’enrage. Je suis sûr de passer à côté de quelque chose. Tout ça par ta faute. Oui tu nous fais manquer une chance incroyable. En jouant la fille sage, ...
    ... la fille supérieure. Se dire qu’on est si près et que pourtant rien ne sera. Oui je t’en veux et cela m’aide à estomper le désir. La raison finit toujours par revenir. On se voit mourir mais on ne meurt pas. On est tout le temps moins romanesque que ce que l’on croit. Le week-end est une parenthèse dans le rythme effréné du travail. J’en profite pour te googler encore une fois et regarder quelques photos comme des souvenirs de quelqu’un qu’on va enterrer. Tu es belle. Le soleil décline et je sors courir. Le jogging a toujours été ma façon d’évacuer le stress, de me vider d’une saine fatigue. Je cours d’une petite foulée, longeant les immeubles, évitant les piétons et les vélos, traversant les rues d’un pas rapide, pour rejoindre le parc Montsouris. Mon iPhone accroché au bras mesure mon rythme : je suis bien. Je fais tours sur tours en suivant quelques autres joggeurs qui m’entraînent. Une jeune femme à la queue-de-cheval sautillante et aux leggings moulants retiennent mon attention un instant. Une distraction mais c’est tellement différent de ce que tu as provoqué en moi. Alors je cours et je cours encore. Quelques étirements et je rentre en marchant. Je dégrafe l’iPhone et, bien que me trouvant ridicule, je consulte à nouveau mes mails. Non je ne suis pas encore tout à fait guéri, il faut que j’arrive à te détester encore un peu. Le téléphone vibre. Nouveaux messages. J’ouvre la liste et les parcours. Soudain je m’arrête : Facebook, nouveau message Manon… Je ne peux cliquer ...
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