1. Le ridodo


    Datte: 05/04/2021, Catégories: fh, hplusag, vacances, amour, cérébral, noculotte, Oral coupfoudr,

    ... la lumière désormais, sous le soleil. Et tout à coup, je franchis le rideau. Brutalement, sans avertissement. Dix mètres plus tôt, c’est le déluge, tout est inondé, et là, maintenant, plus une goutte ne tombe et la route est sèche, complètement. À croire qu’il n’a pas plu ici aujourd’hui, qu’il a fait beau toute la journée ! Je souris : Le Taxi Mauve ! Le rideau d’eau, l’entrée dans la parenthèse enchantée, dans une troisième dimension, de douceur, de surprise, de bonheurs volés. Je souris : c’est bien moi ça, toujours des références d’avant-guerre (… du Golfe, faut pas pousser quand même !). 77, Noiret-Rampling. Et cette réplique que je n’ai jamais oubliée (allez savoir pourquoi ?), Noiret, au petit matin d’une nuit d’amour langoureuse, mille caresses et soupirs, Noiret retenant sa maîtresse, pressée de s’enfuir : — J’aime bien aussi quand ça va VITE ! Je souris, neuneu, bébête ! — Oh pépère, tu rêves ! T’espères quoi ? La parenthèse enchantée ? Allez, laisse béton, roule bonhomme ! Il fait beau maintenant ! Même chaud tout à coup ! Je baisse ma vitre, je respire à pleins poumons l’air embaumé, parfums d’iode et de tourbe, de ce début d’octobre. J’aperçois la mer. Enfin ! Les murets ont disparu, je suis sur la lande désormais. Les fougères ont pris une teinte brunâtre, la végétation est rase, rare, précieuse, fragile. Je longe la côte, la mer juste en dessous, trente mètres plus bas. Et là, le flash, le coup de foudre absolu ! Je pile : une adorable crique, le sable, la mer ...
    ... et une maison. Bretonne, typique, parallélépipède massif, tout en grès, avec une cheminée massive à chaque extrémité, toit deux pentes en ardoises lourdes et moussues. 70 m² maximum, j’imagine une grande salle, une chambre peut-être et au mieux, un minuscule coin salle d’eau si la bicoque a été rénovée. Le dessinateur-projeteur s’est réveillé ! Imparable ! Je prends le chemin de terre qui descend vers ce paradis désert, ma lourde berline cahote sur le chemin pierreux. Je l’abandonne dès que j’atteins la grève, juste à côté d’une Méhari, orange. Ça fait longtemps que je n’en avais pas vu une comme ça. Celle-ci est à la mode bigoudène, on l’a coiffée d’un hard-top artisanal. On est en Bretagne, alors les décapotables intégrales… Je me tourne vers la bicoque. Merde ! Je râle intérieurement. La Méhari, j’aurais dû me douter ! Le paradis désert… ne l’est pas, justement ! Contrairement à ce que j’espérais, la maison est habitée. Les volets bleus sont ouverts, la porte aussi. Devant, sur un banc en pierre, une jeune fille, brune, seule, en maillot de bain. Je m’approche à peine, penaud ! — Désolé, je pensais l’endroit désert. C’est une propriété privée, j’imagine ? Je vais vous laisser ! Je pars ! Excusez-moi ! Bonne journée encore ! Confus, penaud, gêné (allez savoir pourquoi ?), j’ai enchaîné ces phrases à toute allure ! La jeune fille me sourit et me fait signe d’approcher : — Pas de problème, vous pouvez rester, vous ne me gênez pas. Comme je balance d’un pied sur l’autre, elle ...
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