1. Le ridodo


    Datte: 05/04/2021, Catégories: fh, hplusag, vacances, amour, cérébral, noculotte, Oral coupfoudr,

    ... pris contact, retenu et payé d’avance une chambre, et le reste, dans une clinique suisse, pour le 30 septembre prochain au plus tard. Je pourrai y aller plus tôt, si mes crabes ne m’en laissent pas le choix. Je veux partir en pleine forme, ou à peu près. Je ne suis pas assez fort pour souffrir. Alors, pas de soins palliatifs, pas d’acharnement thérapeutique. Une injection, une seule, ou une pilule, je ne sais pas vraiment comment ça se passe. Mais c’est mon choix, ma décision, irrévocable : euthanasie, enfin en Suisse, ils disent suicide assisté. C’est mon choix, ma seule issue, la plus acceptable, la seule acceptable en tous cas. Pendant plusieurs minutes, je n’ai plus rien entendu de ce qu’il me disait. Il s’en était bien rendu compte. Alors, il avait réexpliqué, sa solitude depuis la mort, à trois mois d’intervalle, de sa femme et de leur fils, quinze ans plus tôt. Il m’a expliqué qu’il voulait nous léguer ses biens, pour assurer notre avenir à Hugo et à moi. Il ne me demandait même pas de le rejoindre, de quitter Paris. — Par contre, si tu veux, tu peux aussi prendre ma suite dans mon activité. Maintenant que tu sais faire des rendus photos ! Mais ça, par contre, cela supposerait que tu viennes t’installer en Alsace, que tu abandonnes Paris. Et pas trop tard, pas dans onze mois, que je puisse te passer le ...
    ... relais correctement. Nous donner tout. Sans rien, sans contrepartie. Il m’avait fait jurer de ne poser aucune question, de ne donner aucune réponse. Et pourtant, ce matin-là, j’en avais moi des questions, des réponses, des colères, des chagrins, des révoltes ! Dès le lendemain de notre séparation, je lui avais envoyé un mail pour refuser toutes ses propositions, ses décisions. En bloc. J’avais honte, je ne voulais pas, je ne pouvais pas profiter de son malheur. Ni de sa bonté. Plus égoïstement, je crois que je l’aimais beaucoup trop pour pouvoir endurer son calvaire, je ne me sentais pas assez forte pour le voir dépérir, pour subir son départ. Je voulais garder intact le souvenir de notre parenthèse enchantée. Du ridodo ! Et surtout, je n’étais pas sûre d’avoir jamais la force de me relever, après Lui. Et puis, j’ai eu honte. Honte de l’abandonner, honte de mon manque de courage, honte de mon égoïsme. Et puis… Et puis, j’avais besoin de lui, tellement besoin. Tellement besoin de mongentil. ********** Ce matin, 1er octobre 2017, sur l’autoroute, Harold est à côté de moi, dans l’urne glissée dans le coffret en bois de rose. Il ne me quittera plus jamais, il sera toujours avec moi, mon éternel amour. Mon gentil. Avant l’instant fatidique, Harold m’a fait promettre « de vivre ». Je vais essayer Harold, je vais essayer… 
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