1. 0202 Colère, regrets, remords, coup de fil et vent d’Autan.


    Datte: 04/11/2017, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... s’échauffer, certaines tensions se libérer, ma tête se vider. L’exercice physique éclaircit l’esprit. Plus j’avance, plus je me sens apaisé : jusqu’au moment où je me sens comme un tableau enfin nettoyé de toute inscription et rature enchevêtrées et désormais incompréhensibles, je me sens comme libéré des pensées qui m’oppressaient depuis trop de temps. Oui, pour la première fois depuis des semaines, je ressens l’envie de tout reprendre depuis le début, tout ce qui s’est passé depuis la rupture avec Jérém, de l’afficher dans mon esprit comme sur une page blanche, et d’essayer d’y jeter un nouveau regard. Constat : il s’est déjà écoulé presque quatre semaines, presqu’un mois depuis ce vendredi noir, depuis cette triste date du 10 août, cette date qui me hante, ce jour où j’ai dit « je t’aime » à Jérém, le jour où il m’a quitté, en me balançant que je n’étais pas le seul mec avec qui il avait couché et que je ne représentais rien de plus à ses yeux qu’un cul à baiser ; le jour où je lui ai mis mon poing dans la gueule, avant qu’il ne me mette le sien dans la mienne ; le jour où maman nous a surpris le nez en sang, le jour où elle a su pour moi. Bientôt deux semaines depuis la dernière fois que je l’ai croisé, alors que j’étais en compagnie de Martin, depuis cette dernière prise de tête, depuis la violence de ses mots ; bientôt deux semaines depuis son accident, depuis l’« aveu » de Thibault, cet aveu qui m’a projeté dans un nouvel univers de souffrance, s’ajoutant et dépassant ...
    ... même la souffrance de la séparation de Jérém. Oui, dans les ruptures, le plus dur à supporter ce sont les « anniversaires » : le plus dur c’est de se dire « il y a une semaine, un mois, j’étais avec lui, on faisait ceci et cela, j’étais heureux avec lui, et c’est fini ». Pourtant, au fur et à mesure que mon corps s’échauffe et que je m’éloigne de la ville, je sens quelque chose d’inattendu se produire en moi ; j’ai l’impression de prendre de la distance et du recul, de la hauteur par rapport au brouillard qui me bouchait la vue depuis des semaines. Soudainement, je me rends compte que je suis trop longtemps resté bloqué sur une série d’équations qui m’avaient jusque-là parues imparables, mais dont les enchaînements m’apparaissaient désormais comme étant grossièrement inexacts. Mes équations étaient les suivantes : (Je dis « je t’aime » à Jérém) + (Il me quitte) + (Il me dit qu’il baise ailleurs, et pas qu’avec des filles, et que je ne suis rien pour lui) = = (je lui tape dans la gueule) + (il me tape dans la gueule à son tour) = = (je me dis que rien n’est possible avec lui, qu’il m’a fait trop mal) + (Je sors dans une boîte gay, je tente de l’oublier en cédant à la proposition de Martin de le suivre chez lui) + (Je le croise sur les boulevards, il est saoul, il est méchant, agressif, je pars avec Martin) = = (Il y a l’accident, le coma, la peur qu’il ne se réveille pas) + (Thibault m’avoue ce qui s’est passé entre eux) = (J’ai peur, pourvu que Jérém se réveille…). (Jérém se ...
«1...345...15»