1. 0202 Colère, regrets, remords, coup de fil et vent d’Autan.


    Datte: 04/11/2017, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    Jeudi 6 septembre 2001 Des abdos, des pectoraux qui se frôlent, des lèvres qui se touchent, des langues qui se mélangent. Les corps nus s’attirent, s’enlacent. Une main enserre les deux sexes tendus dans la même étreinte, puis elle démarre des mouvements de va-et-vient ; deux garçons frissonnent à l’unisson. Le plaisir monte ; un premier jet s’envole et atterrit sur un relief de pectoraux bien dessiné. C’est la main de qui ? C’est le jus de qui ? Ce sont les pectoraux de qui ? Un autre jet fuse, c’est l’autre garçon qui jouit. Et ça continue ainsi, giclée après giclée, jusqu’à ce que les deux potes, repus de plaisir, libérés de leurs tensions sexuelles, le bas ventre irradiant cette chaleur qui est l’arrière-goût d’un orgasme intense, s’abandonnent l’un dans les bras de l’autre, trouvant doux et rassurant ce contact avec le corps de l’autre, semblable au sien. Depuis presque deux semaines, depuis que Thibault m’a raconté ce qui s’est passé avec Jérém, il ne s’est écoulé une heure sans que ce genre d’images viennent me hanter, à la fois excitantes et blessantes, piquant ma jalousie à vif ; pas une heure sans que j’essaie d’imaginer Jérém et Thibault dans un lit, en train de se donner du plaisir. Pas une heure, sans que je ne me pose les mêmes questions : comment se donnent du plaisir deux mecs comme Jérém et Thibault ? Jusqu’où sont-ils allés ? Qui a sucé l’autre ? Est-ce cette nuit-là ils se sont arrêtés à une pipe, ou est-ce qu’ils ont été plus loin ? Est-ce qu’il y a eu ...
    ... pénétration ? Qui a pris l’autre ? Est-ce qu’ils ont recommencé depuis ? Jusqu’où vont-ils aller ? Et presqu’à chaque fois, je remonte jusqu’à cette nuit où nous étions fait du bien tous les trois ensemble ; je repense à cette attirance que j’avais cru deviner entre eux, à cette ambigüité qui m’avait pas mal inquiété à ce moment-là ; et je me dis que je pouvais m’attendre à ce qui s’est passé entre Jérém et Thibault se produise un jour ; qu’au fond de moi, je m’y attendais. Mais ce n’est pas pour autant que cela est plus facile à accepter. J’essaie de ne pas y penser, mais plus j’essaie, plus j’échoue, plus j’y pense. Et à chaque fois, je suis happé par une nouvelle flambée de jalousie, tout aussi violente que la précédente : les jours s’enchaînent, et ma jalousie ne s’apaise pas. Ce jeudi, la météo est grise sur Toulouse, tout comme elle l’est dans mon cœur : lorsque j’ouvre la fenêtre de ma chambre, je suis surpris par la caresse du vent d’Autan, cette caresse désormais fraîche, qui glisse sur ma peau et m’apporte des frissons qui annoncent les prémices de l’automne. La fin de l’été nous surprend toujours : depuis des mois, on s’est habitué à vivre avec la chaleur de l’été, avec des journées interminables ; et puis on se réveille un matin, on ouvre la fenêtre, il fait gris, humide, la pluie menace ; et dans la fraîcheur du vent qui fait frissonner la peau, on sent l’odeur des feuilles mortes et de sous-bois, cette odeur qui nous rappelle à la conscience du temps qui passe, qui ...
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