Les Veilleurs (2)
Datte: 08/06/2021,
Catégories:
Hétéro
... Marina. Et comme en mathématiques, moins par moins donnait un résultat positif. ─ Pardon ? Que viens-tu de dire ? ─ Que… je… tiens énormément à toi. Elle se remémora tous les gestes attentionnés qu’il avait eus, toutes ses tentatives pour établir un contact. Tout lui revenait et tout était clair. Maintenant. Elle commença à claquer des dents, et lui à ressentir la douleur sur son front. Il passa sa main et trouva une belle bosse. Elle le vit regarder ses doigts. ─ Merde ! ─ Qu’est ce qu’il y a ? ─ Ça saigne. ─ Attends, laisse-moi regarder… Mince, tu t’es bien ouvert. Comment t’es-tu fait ça? Il lui narra sa course pour la rejoindre lorsqu’il l’avait aperçue sur le ponton, comment il avait atterri contre la pièce de métal. Comment il avait senti son angoisse progresser depuis qu’elle avait quitté la cafétéria. ─ Tu vois, je foire tout. Il entendit comme une pointe d’ironie, un bourgeon d’humour qui ne demandait qu’à éclore, qui n’avait besoin que d’un peu de chaleur. ─ Pourquoi n’as-tu jamais rien dit ? ─ Un soupçon de timidité, peut-être… Parce que tu as dix ans de plus que moi et que j’imaginais que tu m’enverrais certainement paître. ─ Et pourquoi as-tu changé d’idée aujourd’hui ? ─ Je me dis qu’il valait mieux que ce soit moi qui me jette à l’eau plutôt que toi. Au moins, en cas de réussite, ce serait moins dangereux pour nous. Ils retournèrent à la cafétéria, où elle nettoya la plaie. Elle constata les dégâts et songeait que des points de suture ne feraient pas de mal, ...
... mais il avait mieux en tête que de passer plusieurs heures aux urgences. Ils s’en furent prenant appui l’un sur l’autre pour mieux résister au vent, pour mieux résister tout court. Une gouttière percée laissait couler une cascade tombée du toit ; ils se regardèrent avec un air de défi puis éclatèrent de rire. Ils se précipitèrent sous la cataracte et Marine l’embrassa sous ce Niagara symbolique. Ils s’enfuirent avant d’être totalement trempés. Ils quittèrent l’artère principale, remontèrent une rue sans charme particulier et arrivèrent enfin dans un vieux quartier que les avions alliés avaient oublié lors des bombardements de la seconde guerre mondiale. Plus surprenant encore, il avait résisté aux vagues de reconstructions modernes. Il habitait sous les toits, au numéro quinze de la rue Melville. Un vieil appartement qu’il avait acheté une bouchée de pain alors que ce n’était que des combles. Il en avait fait quelque chose de très moderne, et Marina tomba tout de suite sous le charme de cet antre tout de bois. Les poutres qu’il avait laissées apparentes délimitaient des recoins chaleureux qui, malgré la surface conséquente, donnaient un aspect intimiste au logement. ─ Wouah ! Après la gouttière et le temps passé sur le quai, tu pourrais nous ferais couler un bain bien chaud, proposa-t-elle alors que, effectuant le tour du propriétaire, elle découvrit la baignoire d’angle encastrée dans une estrade haute de quatre marches. De jour, la lumière provenant des immenses velux devait ...