1. L'arroseuse arrosée


    Datte: 09/06/2021, Catégories: fh, extracon, Collègues / Travail vengeance, cérébral, photofilm, confession, humour, extraconj,

    Enfin midi et demi ; Daphnée entre dans mon bureau. Assistante du Directeur Commercial, elle est ma meilleure amie, et nous nous retrouvons avec plaisir pour déjeuner ensemble presque tous les jours où nos patrons respectifs nous laissent suffisamment de temps pour nous restaurer. Physiquement, nous sommes très différentes, mais nous nous entendons à merveille. Grande blonde aux yeux bleus, style scandinave, elle me domine de douze centimètres avec son mètre soixante-quatorze. Mais elle est si mince qu’entre tour de poitrine et tour de hanche, je lui reprends horizontalement ces douze centimètres, moi, la latine, aux cheveux sombres et aux yeux couleur noisette… Qui ne ressemble pas s’assemble ! Nous partageons tous nos secrets les plus intimes, et j’ai connu l’homme avec lequel je vis depuis un an, Mathieu, grâce à elle car il est le meilleur copain du sien, Kevin, dont il partage la passion immodérée du foot. Nous trouvons une table un peu isolée dans un coin de la cantine afin de pouvoir papoter en toute tranquillité sans être importunées. Mode, beauté, couple, projets de vacances, potins du bureau et autres : nos sujets de discussion sont variés et typiquement féminins. Un moment de vrai répit pour deux assistantes de direction surexploitées par leurs boss ! Patatras ! Estelle, la standardiste, vient s’asseoir à nos côtés. Elle a la mine plus sombre que jamais. De ma taille mais encore plus plate que Daphnée, elle ressemble à une paysanne montée à la capitale, mal ...
    ... fagotée, aux traits vulgaires, rarement souriante. En général, nous faisons tout pour l’éviter, bien que nous partagions une certaine commisération pour cette fille à peine plus âgée que nous qui a déjà deux gamins en bas âge. — Ça n’a pas l’air d’aller fort, lui glisse Daphnée entre deux bouchées.— Non, en effet, lui répond-elle, j’ai des problèmes avec Lucien, mon homme.— Ah oui, et lesquels ?— Il me trompe, j’en suis sûre !— Si tu ne l’acceptes pas, il faut te séparer de lui, lui dis-je.— Tu as raison ; mais, pourbien divorcer, j’ai besoin de preuves, et je n’ai que des indices ! La réponse d’Estelle nous plonge dans un abîme de perplexité et je croise le regard interloqué de Daphnée, aussi surprise que moi par ces propos sur laqualité d’un divorce. Aujourd’hui, cela nous semble une simple formalité. Ma copine finit par lâcher : — Si on peut t’aider pour quelque chose, dis-le nous… Nous terminons notre repas, notre intimité habituelle évanouie, en essayant de divertir un peu notre standardiste par des railleries en lui confiant que nous nous sentons nous aussi trompées par la passion immodérée et non partagée de nos hommes pour le ballon rond. Enfin, non partagée sauf lorsque c’est David Beckham qui le manie ! —ooOoo— Plus d’une semaine plus tard, Estelle nous rejoint comme précédemment à la cantine. Le coup d’œil échangé avec ma copine traduit aisément notre agacement pour cette nouvelle intrusion inopportune dans notre séance de confidences quasi quotidienne. Estelle paraît ...
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