1. Réconfort & vieilles dentelles VII. La profiteuse (1)


    Datte: 10/06/2021, Catégories: Hétéro

    ... hélas donné raison. Personnellement, j’avais eu de l’empathie pour elle au début, comme tout le monde, quand elle avait subi ses malheurs (qui, hélas, arrivent à d’autres personnes.) Et ça n’avait rien à voir avec le fait que c’était une assez belle femme, de taille moyenne, avec un joli visage, des cheveux assez courts qu’elle teignait en châtain tirant sur le roux, des beaux yeux verts, un corps bien fait, assez pulpeux sans rondeurs en excès. Mais devant tant d’égoïsme, d’ingratitude, j’avoue que j’avais été très vite déçu par elle. Et, pour tout dire, même en colère par son absence totale d’un savoir-vivre des plus élémentaires. Aussi ne suis-je pas trop étonné de l’entendre me demander juste "Ça va ?" sans s’étendre plus avant sur mon veuvage récent, sans aucune parole compatissante ni même un mot pour son ancienne collègue, alors qu’elle ne s’était même pas manifestée depuis son décès, et de passer directement après ma réponse évasive sur un ton enjoué au motif de son appel. Elle n’a pas besoin de m’en dire plus, j’ai déjà deviné. Outre son attitude égoïste, elle a un culot à toute épreuve. Elle se comporte comme une enfant gâtée (je sais que c’est une enfant unique, peut-être a-t-elle été trop choyée, mais est-ce suffisant comme raison ?) à qui tout est dû. J’adopte un ton assez neutre, assez froid, mais me vient immédiatement une idée. Je pourrais l’envoyer balader tout simplement, et lui dire ses quatre vérités par-dessus le marché, mais j’ai envie de la jouer ...
    ... cynique, quitte à la choquer, je n’en ai rien à foutre. Aussi, quand elle me dit : « - Je viens en France la semaine prochaine, j’ai des choses à faire et du monde à voir à Paris, est-ce que tu pourrais m’héberger quelques jours ? » Je lui réponds immédiatement : « - Oui, bien-sûr... si tu paies en nature. » Surprise, elle a comme un rire stupide. Elle répond : « - Oh... ah bah ça, je sais pas... — Bah, moi je le sais. C’est comme ça. C’est ça ou rien. » Elle se met à rire : « - Ben dis-donc, t’es culotté... — Tu trouves ? C’est pas l’hôpital qui se moque de la charité, là ? — Ohhhh... » répond-t-elle d’un air gêné. Je ne dis rien, j’attends. Silence à l’autre bout du fil. Elle ne demande pas pourquoi, ni ne proteste. Elle n’a pas intérêt d’ailleurs. Finalement, elle demande : « - Bon t’es d’accord alors ? Tu peux ? — Si toi tu es d’accord..." réponds-je sur le même ton froid. « - Bon, bah j’arrive mardi » dit-elle sans relever. « - Je n’irai pas te chercher à l’aéroport, je travaille. Faudra que tu te débrouilles. — T’inquiète pas, je vais trouver quelqu’un pour venir me chercher. » Je me doute bien, pensé-je, mais ne lui dis pas. Toujours égale à elle-même, toujours à se faire assister, elle va encore profiter de quelqu’un (sans doute nos amis communs), ça n’est pas le culot qui l’étouffe, comme d’habitude. « - Alors à mardi » me dit-elle. Elle va raccrocher. « - A mardi" réponds-je et j’ajoute aussitôt après : « Mets une culotte propre. » Pour toute réponse, elle rit bêtement, ...