Flux
Datte: 07/07/2021,
Catégories:
fh,
forêt,
Collègues / Travail
portrait,
... intensive la veille ont provoquées, il a besoin d’évacuer, de cette autre façon. Dans la forêt. À bien y penser, il bande légèrement, mais enfin, il ne s’agit pas de s’attarder. Les gens autour de la table parlent, attendent de lui des commentaires sur l’affaire danoise. Art dit: — J’ai toute confiance en Scott, on va bosser et on va y arriver. Comme pour les Japonais. « On », comme si ce trou du cul avait quelque chose à voir avec le contrat Aoyoma. Comme si ce vieux débris avait pu influer en quoique ce soit sur le glorieux dénouement. Scott sourit difficilement. — Oui Art, oui, on va y arriver. On y arrivera, mais ces Danois ils sont retors, il faudra être bon, très bon même. Art vide son verre d’eau minérale. — Mais Scott, on sait tous que tu l’es. Des hommes composent la majorité du cercle, mais il y a deux femmes dans l’équipe. Disons que dans l’ensemble, ils sont jeunes et affamés. Et que personne, personne autour de lui ne peut le blairer. Ils attendent qu’il se plante, qu’il chute lourdement sur le sol. Surveiller ses arrières tout le long de la journée. Bon Dieu ce que c’est fatiguant. Éreintant même. L’ennemi vient de l’intérieur. La plus grande difficulté dans le monde de l’entreprise moderne, ce sont les gens avec lesquels on travaille. C’est une vérité simple, mais édifiante. La plus grande partie de son énergie, Scott la perd à épier, à imaginer, à se comporter en fonction de ce tas de branleurs. Il enfourne une bouchée d’un entremet chimiquement ...
... méconnaissable. Peut-être de la vanille, peut-être de la coco. Lève la tête. Croise le regard de Lauren N qui se lève de table avec son plateau. Les gars du cercle suivent dans un mouvement plus ou moins discret ce cul ahurissant. Cette jupe noire, c’est électrique. On échange quelques clins d’œil, les femmes de l’équipe font mine de s’offusquer avec exagération, mais en vérité elles s’offusquent vraiment que cette petite pute attire tous les regards. Du coup, il s’attarde un peu sur les tablées alentours. Brouhaha des conversations. De la bouche à l’oreille. Trait continu. Illusions. Phrases rabâchées en boucle. Sous-tendues par les informations qui entrent en eux à tout moment. Les mêmes têtes que ce matin. Les mêmes chargés de clientèle, de comptabilité, les mêmes gestionnaires de ressources humaines s’ennuyant ensemble au gré de discussions dépassionnées. Il y a bien des rires de temps à autre.Mais ce sont les nerfs qui lâchent, juge Scott. Il y a de l’émincé de bœuf, du filet de cabillaud au curry, des compotes, des ananas coupés. Des coupelles de crudité. Il règne cette odeur particulière de produits détergents et de nourriture industrielle. Il y a beaucoup de vieux. Des quadras, des quinquas, une bonne proportion. Les pieds dans le béton. Ça le révulse. Coup de panique. Bouffée d’angoisse. Comme ce matin sur le plateau téléphonique. C’est nouveau, ça. Il secoue la tête, chasse sa nausée en imaginant sa belle foulée fendre l’air tiède de la forêt. Mais le soir est encore loin. ...