La reine des fourmis
Datte: 09/07/2021,
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... savent maintenant qu’elle ne rechigne pas à s’exposer à leurs regards. Que loin de la déranger, ça doit même lui plaire… Elle s’imagine vue de leurs fenêtres telle qu’elle est et en ressent un trouble profond, comme si elle était à la fois acteur et spectateur de son exhibition. Et elle s’avoue que si elle était un homme, le tableau ne lui déplairait pas : une brune pulpeuse qui prend l’air en pleine ville nue de la tête aux pieds, ça ne se voit pas tous les jours ! Elle imagine sans peine leur état d’excitation devant une telle aubaine et en retrouve une certaine assurance, quoiqu’ils puissent penser d’elle. L’un des deux voyeurs lui fait un petit signe de la main. Elle se surprend à hocher vaguement la tête pour lui rendre son salut. Non seulement elle se livre à leurs regards concupiscents mais en plus elle consent à communiquer, ne serait-ce qu’à distance et avec parcimonie. Les deux Noirs lui retournent un grand sourire, comme deux grands enfants. L’un deux dessine avec les mains et force suggestion la forme d’une poitrine. Elle hésite d’abord mais au point où elle en est, elle veut bien céder à une petite gâterie supplémentaire. Et puis, ça lui servirait à quoi de rester immobile ? Elle redresse le torse, dévoile ses seins dans toute leur amplitude. Pour faire durer le plaisir, elle garde la position en relevant ses cheveux à plusieurs reprises, comme si elle les aérait. Et puis elle s’accoude à nouveau. L’un des mecs lève le pouce en l’air. L’autre lui envoie des ...
... petits baisers avec les mains. Ça commence à remuer de l’autre côté. Ça commence aussi à l’exciter, ce petit manège. Elle se dit qu’il a eu une bonne idée, en fin de compte. Il l’a obligée à y aller toute seule et elle ne se débrouille pas si mal. Maintenant elle les regarde avec moins de gêne, le menton sur les mains, les pieds croisés. Le vent léger de la nuit, au départ hostile, caresse sa peau et la détend. Elle attend. À eux d’exprimer leurs désirs puisque c’est la règle du jeu. L’un d’eux s’éclipse, va dire deux mots à son comparse qui acquiesce vigoureusement puis revient à sa fenêtre. Avec ses deux bras, il fait un geste circulaire qu’elle ne comprend pas. Elle fronce les sourcils. Alors il répète son geste en tournant sur lui-même. Compris, cette fois. Ils veulent la voir de dos. Ils ne vont pas être déçus, les bougres, parce qu’elle sait depuis longtemps quel effet le cul qui est le sien produit chez des mâles en rut. Elle se retourne et reste plantée un moment, les jambes un peu écartées, les mains sur les hanches, le temps qu’ils profitent bien de son anatomie fessière. Et elle le voit, la tête en haut de l’escalier, invisible aux yeux des autres, un sourire hilare aux lèvres. Elle lui fait un clin d’œil et se tourne à nouveau vers les deux voyeurs. Le premier fait mine que son crâne va exploser. Le deuxième plaque ses deux mains sur son cœur, feignant une crise cardiaque. Elle ne peut s’empêcher de pouffer, puis elle leur fait un petit salut, à la manière des artistes ...