Les routiers sont sympas (9)
Datte: 11/07/2021,
Catégories:
Hétéro
... qu’on dit... La manœuvre terminée, je prends une veste de travail, pour me préserver du vent, et je commence à sortir les outils du coffre. Regardant la dame, restée à côté, je m’aperçois qu’elle claque des dents. — Ne restez pas là, montez dans la cabine vous mettre au chaud... — Merci, je veux bien... Me dit-elle d’une voix « hachurée » par le froid. Elle va s’assoir sur le siège conducteur. Je la vois appuyer ses coudes sur le volant et poser son menton dans les paumes de ses mains relevées. Dans cette position, elle peut suivre ce que je fais. Je change la roue tout en « pestant » contre le froid qui me gèle jusqu’aux os. Le travail fini, les outils rangés, le coffre refermé, je me précipite dans la cabine pour retrouver un peu de chaleur. La dame, qui a gardé son manteau au col relevé, est toujours dans la même position. — Enlevez votre manteau si vous voulez vous réchauffer... - elle s‘exécute... — Vous avez vite fait pour changer cette roue... Je vous remercie très sincèrement... — Vous avez raison... C’est ce froid qui m’a stimulé... Au fait, si nous faisions plus connaissance... Je m’appelle Joseph. Je suis le chauffeur de ce camion qui roule dans toute l’Europe...... Et vous ?... — Annie... Je suis représentante de commerce en ustensiles de cuisine et vaisselles pour restaurants et collectivités... — Vous grelotez encore, vous n’aviez pas de chauffage dans votre voiture ? — Si... Mais en rentrant sur cette aire, j’ai senti ma voiture se déporter... Je me suis ...
... arrêtée là pour avoir un peu de lumière. J’ai vu ma roue dégonflée. J’ai voulu la changer mais je ne suis pas arrivé à débloquer deux boulons. J’ai attendu un peu... Personne n’est passé... J’ai tout remis dans le coffre et je me suis mise dans la voiture pour passer la nuit... Je laissais tourner le moteur pour avoir du chauffage... Je me suis aperçue que la jauge baissait. Pour économiser un peu d’essence, j’arrêtais le moteur quand il faisait bon et le remettais en marche quand il faisait froid... Quand la réserve s’est allumée, je n’ai pas remis en route... Je ne voulais pas tomber en panne sèche... — Les deux camions qu’il y a là-bas, ils étaient là quand vous êtes arrivée ? — Non... Ils sont passés sans s’arrêter... — Pourquoi vous n’avez pas demandé de l’aide aux chauffeurs ?... — Je n’ai pas osé y aller dans le noir... — Vous avez préféré vous geler... — J’en ai pleuré de dépit et de froid... Tout en continuant notre conversation, j’ai pris son manteau pour l’étaler entre le dossier du siège conducteur et le volant. Ainsi, la soufflerie du chauffage envoie l’air chaud à l’intérieur. Plus je regarde ma passagère, plus je lui trouve un certain charme malgré sa tristesse. Elle doit avoir environ quarante-cinq ans. Brune, ses cheveux sont coupés en frange sur le front et en carré, « à la Mireille Mathieu », au-dessus des épaules. Avec son nez légèrement retroussé, ses yeux bleu clair, presque transparents, sa bouche bien dessinée, aux lèvres légèrement charnues, on a envie de ...