1. La prof


    Datte: 19/07/2021, Catégories: fh, fplusag, extracon, inconnu, profélève, Oral pénétratio, portrait, amourdura, h+prof, voiture,

    ... ce qu’il m’annonce qu’il voulait faire un break. Je rentrais ce soir-là joyeuse de ma journée, pressée de lui raconter, et il m’a scotchée net. J’ai accepté ce « break » la mort dans l’âme et lui ai proposé qu’il garde l’appartement ; je trouverais bien à me loger à proximité du lycée. Je n’ai pas voulu lui montrer mon désarroi, et pourtant il était profond. Je n’ai pas voulu dialoguer, mais sans doute ce soir-là eût-il été impossible de dialoguer. Je savais bien entendu qu’une partie de ce qu’il me reprochait était justifié, mais j’ai trouvé tout ça très exagéré, excessif et presque grotesque. Quelques jours plus tard, j’ai trouvé un petit logement que je pensais temporaire, à quelques minutes du lycée. J’allais avoir – et ce fut un élément de motivation – moins de temps à passer dans les transports et davantage avec mes élèves. Les mois qui ont suivi ont été assez chaotiques. Je me donnais corps et âme à la réussite de mes élèves, et consacrais une partie de mes soirées à parler avec Marc au téléphone. Il me manquait. Son regard parfois sévère sur moi me manquait. Ses mains, sa peau, son souffle, tout ça me manquait. Mais il m’avait quasiment mise dehors, et il était hors de question que je lui propose de revenir. C’était à lui de le faire. Après les examens, j’ai ressenti comme une dépression. Les épreuves étaient terminées et les résultats du concours connus. Les lauréats allaient rejoindre leurs écoles à la rentrée, et les élèves de première année allaient monter une ...
    ... marche. Quelques élèves qui n’avaient pas obtenu l’école dont ils rêvaient allaient refaire une seconde année. Mais j’étais seule dans mon petit appartement, désœuvrée jusqu’à la prochaine rentrée. Marc ne montrait toujours aucun signe d’abandon de la « punition » et m’avait même annoncé qu’il allait partir en vacances avec des potes. Trou noir. Je me suis sentie vide, inutile, moche, vieille, aigrie. Mes balades nocturnes et solitaire dans Paris, à observer les gens qui avaient l’air heureux, me rendaient encore plus triste. La seconde semaine de juin, et durant tout le mois de juillet, j’ai erré sans but, oubliant les plaisirs simples de la vie. Mes amies m’appelaient mais je laissais sonner. Je ne rappelais pas. J’appelais Marc. Il ne me répondait plus. Je n’imaginais pas, lorsque j’étais jeune, que j’arriverais à un tel constat d’échec à 36 ans. Ça m’a turlupiné pendant des semaines. Puis quand j’ai reçu le planning de la rentrée, je me suis sentie revivre. Un but à court terme, un projet, une vie à réaliser : ça tient à pas grand-chose, le moral. J’étais descendue à la boîte à lettres sans me soucier de mon apparence, et en remontant avec un sourire d’adolescente, le miroir dans l’entrée m’a renvoyé une image désolante : j’étais négligée, vioque, grasse, blanche, cadavérique. Ça fout un sacré coup sur la tête quand on s’en rend compte ! La reprise en mains a été immédiate et salutaire : esthéticienne, coiffeuse, footing, ménage, douches froides, changement de garde-robe, ...
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