Une pipe fatale
Datte: 19/07/2021,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Une pipe fatale Depuis mon dernier arrêt j’ai parcouru environ deux cents kilomètres. Voici une « patte d’oie » et aussitôt après j’aperçois un bistrot de campagne, perdu au milieu de nulle part. Ce doit être un relais pour poids lourds, trois camions occupent une partie du parking. Ce sera l’endroit idéal pour faire une pause de vingt minutes. Au bar trois gaillards à gros bras entourent une jeune femme, la font rire, la serrent de près. Elle se démène pour échapper à leurs paluches baladeuses, protège ses fesses en frappant de ses mains blanches les pattes audacieuses, proteste tantôt ou rit parfois nerveusement; un peu tigresse, un peu chatte en chaleur. Aussi quelle idée de se promener en mini jupe et décolleté provocant quand on veut fréquenter ce type d’établissement. La brune d’une trentaine d’années n’est pas la serveuse, c’est un homme qui m’a servi mon café. Soudain elle se dégage du tripotage des doigts de ses compagnons, fuit le trio de blagueurs excités aux propos gras et se dirige vers moi en boitillant sur ses talons trop hauts. Diantre, elle est montée sur échasses, sur deux longues jambes dorées. Le reste de la personne est à l’avenant : début de cuisses fuselées, pleines de promesses, hanches larges sous le tissu souple, taille de guêpe sans corset, poitrine rebondie mais bien proportionnée, ni trop forte ni trop petite, mais découverte à la limite de la décence. Et au-dessus, dans l’ovale harmonieux du visage joliment maquillé,sous le cadre des cheveux ...
... bruns taillés au carré et savamment gonflés, pétillent deux yeux d’un bleu profond. C’est une superbe créature qui me demande si elle peut s’asseoir à ma table. Qui repousserait ce sourire charmeur ? Je lui fais signe de prendre place. L’un des lascars glisse aux autres, assez fort pour que je l’entende: - Hé ! Elle préfère les vieux. La pauvre, je lui aurais montré mon bazar gratis. Elle sait pas ce qu’elle perd. - Ho ! Ho ! A trois on lui aurait fait prendre son pied. Hé, Alice, reviens, c’est ma tournée, crie un autre sous l’œil neutre de l’aubergiste. Le vieux, c’est moi. Il ne faut pas exagérer, je n’ai que cinquante-quatre ans. Mes cheveux commencent à grisonner, mais je suis en pleine forme et les trois grandes gueules ont dû le remarquer. Ils aboient de loin mais aucun ne prend le risque de venir se mesurer à moi. Alice ne dit mot. Je lis dans son regard sa satisfaction d’avoir trouvé un refuge. Je dois avoir une bouille à inspirer confiance et j’ai droit à un large sourire chargé de reconnaissance. Elle murmure : - Mais qu’est-ce qu’ils sont bêtes. Je ne les connais pas et ils m’ont draguée grossièrement. Merci, heureusement que vous êtes arrivé. - Je n’ai aucun mérite à cela. Ils se calment. Vous pouvez commander une boisson. - Un coca ? Vous payez ? - Appelez le patron. - Merci, encore. Elle cherche je ne sais quoi. - C’est à vous la C5 ? - Oui ! Je ne l’ai pas volée. Elle rit de ma piètre plaisanterie. Ma présence la rassure, elle ose demander: - Ou allez-vous ? Vous ...