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Portrait volé
Datte: 21/07/2021, Catégories: fh, hplusag, jeunes, forêt, campagne, amour, soubrette, jalousie, dispute, pénétratio, jeu, mélo, portrait, historique,
... résistances. Le comte avait promis sur son honneur… Elle savait qu’ainsi il ne pourrait que tenir parole. — Soit, j’accède à votre demande. Mais je voudrais être rentrée pour le déjeuner.— Vous serez de retour pour midi. Je vous en donne ma parole. Il lui ouvrit la porte du bureau, s’effaça pour la laisser passer. Puis, avisant Pierre qui finissait d’emballer un oranger couvert de boutons, il lança : — Je dois m’absenter jusqu’à midi. Si jamais quelqu’un me demande, dites que je reviendrai à l’heure du déjeuner.— Bien, Monsieur. Dois-je comprendre que vous déjeunerez avec l’équipe ?— Il se pourrait bien. Réservez-moi une place avec vous.— J’en prends bonne note.— Merci. À tout à l’heure, messieurs ! Les jardiniers touchèrent leur chapeau pour toute réponse tandis que Pierre s’inclinait devant la comtesse. La jeune femme semblait tout à la fois émue et triste. Et le comte encore plus sec qu’à son habitude. Pierre se demanda si l’entretien n’avait pas été plus difficile entre eux que Solange l’avait imaginé. Et si le couple n’allait pas tout simplement se séparer d’une façon tout aussi orageuse mais néanmoins plus discrète que lors de la querelle qui les avait opposés au mois de mars. Rien dans leur attitude ne donnait à penser qu’ils avaient changé. Pierre soupira, pria mentalement pour que son maître soit enfin capable de persuader Élise de Beauregard… Il pensait à Solange qui, si elle voyait le couple quitter la serre, penserait que sa victoire était proche. Il fallait ...
... qu’il l’avertisse. Elle devait se trouver encore à l’étage privé de la comtesse. Pierre attacha soigneusement avec de la ficelle le paquet qui protègerait durant son transport jusqu’en Charente le magnifique oranger qu’avait commandé un riche armateur, ami du comte Pazevin. Puis il chargea deux aides de transporter l’arbre dans l’entrepôt et de charger également les deux bougainvillées qui devaient accompagner l’oranger dans son voyage. Pierre évalua leur intervention à un quart d’heure, qu’il mit à profit pour s’éclipser vers les cuisines sous prétexte de commander leur déjeuner. Il savait que Berthe préviendrait la camériste aussitôt qu’il le lui demanderait. --oOo-- Pendant ce temps, François de Saillant avait fait seller son cheval et celui de la comtesse puis, au petit trot, le couple s’était rendu par le chemin forestier qui jouxtait le parc jusqu’à la résidence du comte. Élise conduisait sa monture nerveusement. Elle avait conscience qu’elle vivait ses derniers instants auprès de François. Et son cœur saignait qu’il s’en aille. Mais il le fallait pour leur repos à tous deux. Ils étaient épuisés par leurs combats. Et s’ils continuaient de se voir, nul doute qu’ils finiraient par se tuer l’un et l’autre à force de retenue, de colère et de chagrin. « Si seulement les choses avaient été différentes… » pensa la jeune femme. Mais hélas, rien de ce qu’ils s’étaient avoué ne pourrait changer la situation. Ils étaient tous deux veufs et traumatisés par les deuils qu’ils avaient ...