1. Gudrun (1)


    Datte: 04/08/2021, Catégories: Divers,

    Le rapt. L’air est brûlant, des volutes de sables annoncent une tempête de sable pour ces prochaines heures, sous mes vêtements religieux, cela ruisselle dur. Je suis en train de penser : « Qu’est-ce qui m’a prix de partir dans cette partie désolée du monde, je sais que Jésus a dit qu’il fallait aider son prochain, mais il n’a pas précisé dans toutes les conditions, vivement que je revoie mes fjords et l’eau claire de ma Norvège. » Dans la classe de Salam el Djin, bourgade au fond de nulle part, j’essaye d’inculper un zeste de civilisation à des enfants comprenant tous les âges, je suis la seule chance pour eux d’apprendre quelque chose d’autre que le Coran et encore. C’est l’heure de lecture et je sais que pour ces enfants, c’est pas évident de devoir apprendre deux alphabets, l’arabe et le latin, mais je tiens bon pour qu’ils apprennent aussi un peu de l’influence occidentale, ce en quoi je suis bien appuyée par le conseil de la bourgade, une fois que je leur ai expliqué que ce n’est pas pour remettre en question leur religion, mais si un parmi eux veut continuer les études en occident, l’arabe là-bas est pratiquement inconnu dans les milieux universitaires. Même en Égypte, flambeau de la connaissance arabe, les universités enseignent en anglais pour toutes les branches qui ne sont pas littéraires ou religieuses. Au début, j’ai essayé de traduire quelques contes de chez nous en arabe, mais ce fût un fiasco, je ne le parle pas assez couramment, ce que m’a fait comprendre ...
    ... l’émir local avec qui j’ai des relations très cordiales. J’ai fini par les écrire en Érythréen, que je parle pas trop mal, mais avec des lettres latines et en cela, Ali, l’émir m’a beaucoup aidé. Actuellement, c’est le petit Saïd qui lit à toute la classe l’histoire de Tom Sawyer de Mark Twain. La classe est suspendue à ses lèvres. Il se débrouille très bien pour son âge, j’aime beaucoup ce garnement, je dis garnement, car en dehors de la classe, c’est un vrai chenapan, un futur Caïd, respectant rien, mais à l’école, on sent qu’il a envie d’apprendre rapidement, il est très appliqué. La pendule de type comtoise indique qu’il est l’heure de clore la classe, cette pendule, qui a l’air incroyable dans le bled, provient probablement des restes de colons qui ont dû quitter le pays rapidement en laissant derrière eux tout ce qu’ils avaient apporté. — Au-revoir Mademoiselle Gudrun — Au revoir mes enfants, faites bien vos leçons. Après avoir fait sortir tous les élèves, je me dirige vers mon petit gourbi quand tout d’un coup une série de coups de feu éclate tout près, j’estime que je suis trop jeune pour mourir dans ce coin perdu, surtout que la relève est prévue pour bientôt, je me jette à terre, la tête cachée dans mon voile, comme le ferait une bonne autruche. Je sens que quelqu’un m’a saisie par la taille et je me retrouve placée en travers d’un cheval, empêtrée dans mes vêtements que j’avais choisis pour faire couleur locale, avec un sac sur ma tête de propreté plus que douteuse. ...
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