1. Le bouclier massaï


    Datte: 12/08/2021, Catégories: ff, frousses, nopéné, humour, sorcelleri, québec,

    ... Pierrette. — Je m’en vais à une fête d’Halloween tardive et… ma veste est restée dans un taxi.— Ah, eh… docteur Wong. On peut vous passer quelque chose, j’ai des…— Non, ça va ! coupai-je, vous pouvez m’appeler un taxi, justement ?— Y en a déjà un là-bas. Bonne soirée, docteur.— Vous aussi ! répondis-je soulagé, soulagé aussi que personne ne m’ait emmené de force pour soigner quelqu’un qui pissait le sang par l’anus. Je grimpai à l’arrière du véhicule d’une autre époque, un grand Noir aux dents jaunes me regarda en souriant. Mon estomac se remit à faire de drôles de bruits. Un peu comme une machine diabolique et hydraulique construite par un savant fou du 13e siècle, mais qui refusait de démarrer. — On va où, docteur eh… Wong ? lut-il lui aussi sur la carte. Il avait l’accent haïtien, ça me rappela la belle Tahina et ma baise torride avec Pierrette chez sa tante et… Quelque chose d’autre, mais c’était vague, comme un bouclier et une lance. Bizarre. — Popa rentre à la maison, mon brave. Mais quand je lui donnai l’adresse, il blêmit, son sourire s’évanouit et il se signa en me regardant comme si je venais de lui annoncer la mort de sa femme, de ses cinq enfants, de ses parents et de ses grands-parents. — C’est l’adresse de madame Lemieux, j’y ai emmené des journalistes il y a trois jours. Vous, vous êtes… son mari. Je vous ai vu à la télé pis dans le journal, ils en parlent partout. Encore mon estomac qui gargouilla puissance dix et ça sembla le terrifier plus. Je ne savais ...
    ... pas de quoi y parlait et je m’en foutais, je voulais juste qu’il démarre son vieux taxi sans doute importé de Cuba. — Eh oui, grognai-je, on y va ? Je suis affamé, je mangerais un iguanodon tout cru…— Mais… vous êtes mort ! Là, je soupirai en écartant les bras et dis : — J’ai l’air d’un mort, monsieur ?— Oh, oui ! Et il secouait la tête de haut en bas avec beaucoup d’énergie et de conviction. Pour rire, je levai ma jambe droite pour lui montrer l’étiquette. Il hurla. Ahuri, je le vis sortir du taxi, laissant la porte grande ouverte et se mettre à courir dans le stationnement en criant quelque chose en créole puis disparaître dans la nuit. Ben là ! Je regardai aux alentours, pas d’autre taxi et le gardien discutait avec une jolie fille. Exaspéré par tout ça, je grimpai à l’avant, refermai la portière et démarrai en rêvant d’un bon cigare, mais surtout d’un énorme cheeseburger. J’appellerai la compagnie de taxi, arrivé au musée, pour qu’ils viennent le récupérer. Conduire pieds nus c’est pas évident, surtout en écoutant une vieille cassette 8 pistes de la compagnie créole que j’éjectai subito presto avant de mettre le chauffage à fond. Les phares des véhicules qui me suivaient m’éblouissaient, je relevai le rétroviseur en clignant des yeux. Je réalisai que j’étais à l’hôpital St-Luc loin de chez moi en plus, mais pas tant que ça. Le CB grésilla et j’entendis : « Christophe ? » J’hésitai à répondre en prenant le grand boulevard René Lévesque vers l’ouest déjà éclairé par des ...